HRW News
Rapport Mondial 2003 : Liberia FREE    Recevez des Nouvelles 
Liberia : les forces de maintien de la paix ne devraient pas être soustraite à la justice
(New York, 1er août 2003) Les soldats de la force internationale de paix au Liberia ne devraient pas se voir garantir l'immunité s'ils commettent des crimes qu'ils sont censés empêcher, a souligné aujourd'hui Human Rights Watch.


Sur le même thème

En français :
Liberia : Besoin de forces internationales immédiatement
Communiqué de presse, 23 juillet 2003

Libria : pas d'immunité pour Taylor
Communiqué de presse, 3 juillet 2003

La crise régionale et les violations de droits humains en Afrique de l'Ouest
Document de présentation au Conseil de Sécurité, juin 2003

Côte d'Ivoire : des combattants libériens attaquent des civils
Communiqué de presse, 14 avril 2003

HRW documents sur l'Afrique de l'Ouest

En anglais :
HRW Documents on Liberia


" Les Etats-Unis ont joué au poker avec la vie des Libériens. Ils ont détourné les bonnes intentions de la communauté internationale pour servir des intérêts étroits et idéologiques dans leur croisade contre la justice internationale. "

Richard Dicker, Directeur du programme de justice internationale à Human Rights Watch


 
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé aujourd'hui le déploiement d'une force de maintien de la paix au Liberia, mais le gouvernement américain a insisté pour inclure un paragraphe dans la résolution garantissant une immunité très large aux soldats servant au sein de cette force dans le pays.

"Les Etats-Unis ont joué au poker avec la vie des Libériens", a estimé Richard Dicker, Directeur du programme de justice internationale à Human Rights Watch. "Ils ont détourné les bonnes intentions de la communauté internationale pour servir des intérêts étroits et idéologiques dans leur croisade contre la justice internationale".

Le projet opérationnel de la résolution prévoyait une "juridiction exclusive" sur les personnes ayant commis un crime dans le cadre de leur mission de maintien de la paix au Liberia par l'Etat qui les a envoyées. Cette disposition réduit l'impact de trois piliers du droit international: le traité de la Cour pénale internationale; le droit national autorisant une juridiction universelle sur les crimes internationaux les plus graves; et le droit national autorisant l'Etat dont la victime du crime est ressortissante à faire valoir sa propre juridiction ("juridiction passive").

Le droit national d'un certain nombre d'Etats, dont certains membres du Conseil de sécurité, autorise ce type de "juridiction passive". La délégation américaine a insisté pour inclure un paragraphe visant à exclure ses officiels et son personnel de l'obligation de répondre de crimes graves commis au Liberia.

L'attitude américaine a obligé, sans nécessité, les membres du Conseil de sécurité à choisir entre un déploiement immédiat de soldats de maintien de la paix au Liberia et une dérogation aux principes du droit. La France, l'Allemagne et le Mexique se sont abstenus lors du vote pour protester contre cette question de l'impunité.

"La population du Liberia ne devrait pas se retrouver l'otage de la position perverse des Etats-Unis sur la règle de droit", a insisté Richard Dicker.

L'adoption de la résolution vise à créer un dangereux précédent dans la lutte contre l'impunité pour les crimes contre les droits humains, a fait valoir Human Rights Watch. La résolution a par ailleurs échoué à utiliser des termes forts pour autoriser la force de maintien de la paix à protéger les civils et les employés humanitaires.