HRW News
Rapport Mondial 2003 : Libéria FREE    Recevez des Nouvelles 
Libéria : pas d'immunité pour Taylor
Les troupes de maintien de la paix doivent protéger les civils
(New York, 3 juillet 2003) Si les troupes américaines sont envoyées au Libéria, elles ne devraient passer aucun accord qui inclut un retrait de la mise en examen du Président Charles Taylor par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, rapporte aujourd'hui Human Rights Watch.


Sur le même thème

En français :
La crise régionale et les violations de droits humains en Afrique de l'Ouest
Document de présentation au Conseil de Sécurité, juin 2003

Côte d'Ivoire : des combattants libériens attaquent des civils
Communiqué, 14 avril 2003

Côte d'Ivoire : Abus commis par le gouvernement en répponse à la révolte de l'armée
Rapport, novembre 2002

HRW documents sur l'Afrique de l'Ouest

En anglais :
HRW Documents on:
  • Liberia
  • Sierra Leone
  • Côte d'Ivoire


  • " Laisser Charles Taylor échapper à la justice rendrait les choses plus dures, et non plus faciles à la perspective d'apporter une paix durable. A la place, nous devrions nous intéresser à ce qu'il est possible de construire sur la mise en examen de Taylor en vue d'assurer la responsabilité de tous ceux responsables de crimes de guerre au Libéria. "

    Janet Fleischman, directrice de la division Afrique de Human Rights Watch à Washington


     
    La grande priorité des troupes de maintien de la paix doit être la protection des civils, qui ont souffert d'abus de la part de chaque partie au conflit libérien.

    Le Président américain George W. Bush a appelé Taylor à se retirer, mais le Président du Ghana, John Kufuor, a demandé que Taylor soit immunisé de toutes poursuites en échange de sa démission.

    Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a récemment mis en accusation Taylor comme étant l'un de ceux " portant la plus haute part de responsabilité " pour les crimes de guerre (incluant le meurtre et la prise d'otages); les crimes contre l'humanité (viol, meurtre, extermination, esclavage sexuel); et autres graves violations du droit international humanitaire (utilisation d'enfants soldats) commis en Sierra Leone. La mise en accusation de Taylor rapporte qu'il a activement supporté le Front Révolutionnaire Uni au cours des dix années de guerre civile en Sierra Leone.

    La mise en examen a été annoncée le 4 juin 2003 pendant que Taylor était au Ghana pour prendre part aux pourparlers de paix concernant la récente intensification du conflit au Libéria. Des rapports de presse suggèrent aujourd'hui que les Etats-Unis considèrent l'envoi de troupes de maintien de la paix au Libéria.

    Human Rights Watch considère comme étant de la plus grande importance qu'aucune action militaire ne soit entreprise sans un complet respect du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire. La force de maintien de la paix doit avoir un solide mandat qui lui permette de faire respecter la loi et l'ordre de manière à protéger les civils et à aider à ce que l'assistance humanitaire puisse atteindre les populations dans le besoin.

    " Laisser Charles Taylor échapper à la justice rendrait les choses plus dures, et non plus faciles à la perspective d'apporter une paix durable, " a déclaré Janet Fleischman, directrice de la division Afrique de Human Rights Watch à Washington. " A la place, nous devrions nous intéresser à ce qu'il est possible de construire sur la mise en examen de Taylor en vue d'assurer la responsabilité de tous ceux responsables de crimes de guerre au Libéria. "

    Elu président du Libéria en 1997 après une guerre de sept ans évinçant l'ancien Président Samuel Doe, Charles Taylor a gagné une notoriété internationale pour la brutalités de ses forces envers les civils au Libéria, et par son utilisation d'enfants soldats organisés en " unités d'enfant ". Le support de Taylor au Front Révolutionnaire Uni en Sierra Leone a contribué à la mort, le viol et les mutilations de milliers de civils, et conduit aux sanctions des Nations Unis contre son régime. Les troupes de Taylor ont également été impliquées dans des conflits dans les pays voisins que sont la Guinée et la Côte d'Ivoire.

    Les pourparlers de paix du Ghana ont donné lieu à un accord de cessé le feu le 17 juin 2003. Le cessé le feu a été rompu par plusieurs sérieux accès de violence entre le gouvernement du Libéria et les forces rebelles dans, et autour, de Monrovia. Ce récent conflit a déplacé des milliers de civils et exacerbé la déjà désastreuse situation humanitaire du pays, où la majorité de la population était déjà inaccessible aux agences humanitaires.

    Selon des sources crédibles à Monrovia, plusieurs centaines de civils sont morts dans la capitale au cours de ces dernières semaines, à la fois du fait des combats et de l'augmentation du nombre de maladies. La plus part du Nord et de l'Est du Libéria s'est retrouvé au-delà des limites des agences humanitaires depuis la résurgence des combats en mars 2003.

    Taylor, qui aurait annoncé sa démission en faveur d'un gouvernement de transition, a récemment hésité sur ce point. Ses nombreuses ruptures d'accords et d'engagements par le passé donnent très peu d'espoir qu'il se conformera aux plus récents accords, ou que de lui accorder l'immunité entraînera la stabilité.

    " Toutes les parties engagées dans les pourparlers de paix au Libéria doivent respecter le Tribunal spécial de la Sierra Leone, " a déclaré Fleischman. " Taylor doit être mené devant le Tribunal pour y être jugé. "

    Les accords de paix de Lomé de 1999 en Sierra Leone accordaient prétendument une amnistie pour les crimes commis par tous les combattants au cours de la guerre civile sur le principe que cela était nécessaire à la paix. Mais une fois l'amnistie accordée, les rebelles ont repris les opérations militaires, plongeant la Sierra Leone dans deux autres années de guerre. Le Tribunal spécial de la Sierra Leone, qui a pour mandat de mener devant la justice ceux qui portent les plus grandes responsabilités pour des atrocités, est un des mécanismes clef qui contribuent désormais à la restauration de la paix dans ce pays.