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Rapport Mondial 2003 : Algérie FREE    Recevez des Nouvelles 
L'Algérie en peloton de tête pour le nombre de disparitions forcées
La visite d'état du Président Chirac devrait souligner le besoin de vérité et de justice


(Bruxelles, le 27 février 2003) Les forces de l'ordre algériennes ont fait " disparaître " au moins 7 000 personnes, chiffre dépassant celui des "disparitions " recensées ces dix dernières années dans tout autre pays, à l'exception de la période de guerre en Bosnie, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd'hui.


Sur le même thème

Disparitions forcées en Algérie : vérité et justice s'imposent
février 2003, rapport

En français :
Lettre au Président Chirac
Lettre, 21 février 2003

Lettre aux Membres du Parlement européen sur l'Accord d'association euro-méditerranéen avec l'Algérie
Lettre, 30 septembre 2002

Algérie : punir les abus policiers
Communiqué de presse, 18 avril 2002

HRW documents sur l'Afrique du Nord

En anglais :
Time for Reckoning: Forced Disappearances in Algeria
HRW Report, February 2003
Rapport est également disponible en français et en arabe à cette adresse


HRW Documents about Algeria



" Les bureaux d'accueil pour les familles des " disparus ", les procédures juridiques à suivre, les réponses officielles aux questions des étrangers, tout cela n'est qu'une parodie cruelle et dilatoire. Nos recherches montrent que le gouvernement n'a pas fourni la moindre information, même quand les familles pouvaient donner des témoignages sur les forces de l'ordre qui ont enlevé sous leurs yeux leurs fils et leurs maris. "

Hanny Megally, directeur exécutif pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch


 
Les autorités algériennes avaient promis de mener des enquêtes sur ces " disparitions " et de donner aux familles des réponses. Elles n'ont cependant pas tenu cette promesse. Aucune personne disparue n'est rentrée chez elle. Personne n'a dû rendre compte de ses actes pour leurs " disparitions ".

Le 2 mars, Président français, Jacques Chirac débutera la première visite d'état d'un Président français en Algérie depuis l'indépendance de ce pays. Dans une lettre envoyée le 21 février, Human Rights Watch a vivement conseillé au Président Chirac d'exhorter le gouvernement algérien à créer une commission indépendante capable de résoudre le mystère entourant le sort de ces victimes.

" Les bureaux d'accueil pour les familles des " disparus ", les procédures juridiques à suivre, les réponses officielles aux questions des étrangers, tout cela n'est qu'une parodie cruelle et dilatoire " a déclaré Hanny Megally, directeur exécutif pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch. " Nos recherches montrent que le gouvernement n'a pas fourni la moindre information, même quand les familles pouvaient donner des témoignages sur les forces de l'ordre qui ont enlevé sous leurs yeux leurs fils et leurs maris. "

Le rapport intitulé " Disparitions forcées en Algérie : vérité et justice s'imposent " ("Time for Reckoning: Forced Disappearances in Algeria") accuse aussi les groupes armés qui se proclament islamistes d'avoir enlevé des centaines voire des milliers d'Algériens et d'Algériennes pendant le conflit qui ravage le pays depuis le début des années 90, conflit qui a coûté la vie à plus de 100 000 personnes. Ces groupes armés, ainsi que les services de sécurité étatiques responsables de " disparitions " à grande échelle, sont coupables de crimes contre l'humanité et ne devraient bénéficier ni d'amnistie ni de prescription.

Alors que les autorités algériennes cherchent à améliorer leurs relations avec les Etats-Unis et l'Union Européenne, il semblerait qu'elles veuillent " tourner la page ". Le nouveau Commissaire des droits de l'Homme nommé par le Président Abdelaziz Bouteflika a, par exemple, évoqué publiquement la possibilité d'excuses officielles et d'indemnisations des familles, mais il a aussi parlé d'une amnistie pour les auteurs de ces crimes.

"La page ne sera pas tournée tant que les familles ne connaîtront pas la vérité sur ce qui est arrivé à leurs proches, et que les auteurs de ces crimes n'auront pas répondu de leurs actes " a affirmé M. Megally. " Toute solution qui ne passerait pas par la vérité et la justice ne ferait qu'ouvrir la voie à de nouvelles atrocités. "

Si depuis l'an 2000, les " disparitions " commanditées par l'état se sont faites très rares, des garanties n'ont pas pour autant été mises en place contre leur résurgence, a déclaré Human Rights Watch. Les forces de l'ordre, surtout la redoutée Sécurité Militaire, refusent couramment aux détenus le droit de consulter un avocat et n'informent pas immédiatement les familles du sort et du statut légal des détenus.

Human Rights Watch a exhorté les autorités algériennes à créer une commission indépendante sur les "disparitions" qui serait habilitée à forcer les agents de l'état à témoigner et à rendre certains documents publics.

" Les Algériens et les Algériennes ont plus qu'eu leur part de massacres, d'assassinats politiques, de tortures et de 'disparitions' " a affirmé M. Megally. "Si on veut que la sécurité du peuple algérien soit mieux assurée dans l'avenir, il faut mettre fin à l'impunité dont jouissent les responsables de ces actes des deux côtés. "

Human Rights Watch a aussi vivement recommandé au gouvernement algérien de mettre en place des procédures pour préserver les preuves contenues dans les nombreux charniers où seraient ensevelies des victimes de violences politiques. Les familles des personnes " disparues " devraient être informées des procédures d'exhumation et d'identification des restes humains.

Dans sa lettre au Président Chirac, Human Rights Watch a félicité la France pour son rôle déterminant dans l'élaboration de normes internationales visant à empêcher les " disparitions ". Human Rights Watch a cependant regretté que le travail diplomatique fait jusqu'à présent auprès de l'Algérie n'ait porté aucun résultat tangible. La lettre affirmait donc que le Président français devrait maintenant exhorter le Président Bouteflika à prendre des mesures spécifiques, telles que celles mentionnées ci-dessus qui " aideront les autorités algériennes à respecter la promesse faite de traiter sérieusement le problème ".