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Congo : les Nations Unies doivent prévenir "une purification ethnique" en Ituri

(New York, 31 octobre 2002) Le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit accroître ses forces de maintien de la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) pour protéger les civils contre des massacres, a déclaré Human Rights Watch dans un document de présentation générale publié aujourd'hui. Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan a demandé à ce que la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC) passe à 8700 membres. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies examine cette question aujourd'hui.

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En français :
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HRW Documents sur l'Afrique Centrale

En anglais :
HRW Documents about D.R. Congo


" Le massacre de civils ces dernières semaines montre que ni les Ougandais au Nord, ni le RCD-Goma au Sud, ne peuvent effectivement protéger la vie des civils. Le Conseil de Sécurité a donné à la MONUC le mandat de protéger les civils en danger. Il doit maintenant donner aux forces de maintien de la paix les effectifs nécessaires à l'accomplissement de leur mandat. "

Alison Des Forges, conseillère à la division Afrique de Human Rights Watch


 
Les groupes rebelles congolais, ainsi que les forces des gouvernements ougandais et rwandais, continuent de se battre pour le contrôle de l'Est de la RDC, des centaines de civils sont morts dans les provinces de sud Kivu, d'Ituri et Orientale au cours des dernières semaines. Des victimes ont été prises pour cibles à cause de leur appartenance politique et d'autres ont été tuées à cause de leur appartenance ethnique. Selon les estimations des Nations Unies, quelque deux millions de personnes sont maintenant déplacées dans la région, la majorité n'a pas accès à l'aide humanitaire.

A la mi-octobre, une coalition locale de Mai-Mai et de combattants Banyamulenge a chassé le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Goma (RCD-Goma) de la ville d'Uvira et des régions environnantes de la province de sud Kivu. Le RCD-Goma, un mouvement rebelle opposé au gouvernement de la RDC, est fortement soutenu par le Rwanda et le Burundi. Il a été battu après le retrait des troupes du gouvernement rwandais de l'Est de la RDC selon les termes du traité du 30 juillet entre le Rwanda et la RDC. Le 19 octobre, le RCD-Goma a repris Uvira et une bonne partie de la région avec l'aide des troupes des gouvernements rwandais et burundais. Leurs forces ont tué, violé et arrêté arbitrairement des civils.

Début septembre, une autre branche du RCD, le RCD-Mouvement de Libération (RCD-ML), et des milices du groupe ethnique Ngiti ont attaqué la ville de Nyankunde, à environ 20 kilomètres à l'ouest de Bunia dans la province d'Ituri. Un survivant de cette attaque a déclaré : " Des milliers de Ngiti sont descendus en groupes pour piller : hommes, femmes et enfants, tous armés avec des machettes, des haches, des couteaux, des flèches et des arcs, des lances et des armes à feu." Les assaillants ont tué des membres du groupe ethnique Hema et d'autres personnes censées avoir collaboré avec eux. Ils ont tué des patients dans leur lit d'hôpital, du personnel médical de l'hôpital de Nyankunde et un officiel local. On estime à 200 le nombre de personnes tuées dans cette attaque et dans celle, quelques semaines auparavant, perpétrée par le groupe majoritairement hema de l'Union des Patriotes Congolais (UPC) contre des partisans du RCD-ML et des Ngiti.

Jusqu'à récemment, les troupes de l'armée ougandaise occupaient une grande partie de cette zone du Nord-Est de la RDC. La majorité est maintenant partie, mais des centaines de soldats ougandais continuent d'occuper Bunia selon l'accord du 6 septembre entre l'Ouganda et la RDC. Quand l'UPC a attaqué le RCD-ML, plusieurs soldats sont restés regarder les civils se faire tuer.

" Le massacre de civils ces dernières semaines montre que ni les Ougandais au Nord, ni le RCD-Goma au Sud, ne peuvent effectivement protéger la vie des civils ", a déclaré Alison Des Forges, conseillère à la division Afrique de Human Rights Watch. " Le Conseil de Sécurité a donné à la MONUC le mandat de protéger les civils en danger. Il doit maintenant donner aux forces de maintien de la paix les effectifs nécessaires à l'accomplissement de leur mandat ."

Le conflit dans l'Est du Congo est issu en grande partie de la compétition pour contrôler une région naturellement riche en ressources naturelles, comme le coltan (columbite-tantalite, utilisé dans la fabrication des téléphones portables), l'or, les diamants et le bois. Une commission d'enquête spéciale du Conseil de Sécurité des Nations Unies a publié ces dernières semaines un rapport condamnant des officiers haut-gradés des armées ougandaises et rwandaises pour s'être enrichis personnellement à travers l'exploitation illégale des ressources congolaises. La commission a conclu que divers acteurs étrangers ont encouragé les conflits locaux dans le but de maintenir leur propre contrôle et de faciliter l'extraction des richesses locales.