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Afghanistan : les femmes ne sont toujours pas "libérées"
Abus par la police, tests de chasteté forcés, et restrictions Talibans à Herat
(New York, 17 décembre 2002) Les femmes et les filles afghanes ont été victimes d'abus, de harcèlements, et de sévères limitations dans leurs droits fondamentaux au cours de l'année 2002, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd'hui.


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En français :
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Communiqué de presse, 5 novembre 2002

Afghanistan : toujours des menaces sur les femmes
Communiqué de presse, 9 mai 2002

Humanité bafouée : violations systématiques des droits des femmes en Afghanistan
Rapport, Octobre 2001

En anglais :
We Want To Live as Humans : Repression of Women and Girls in Western AFghanistan
HRW Report, December 2002

All Our Hopes Are Crushed : Violence and Repression in Western Afghanistan
HRW Report, November 2002

HRW Documents on Afghanistan

" Beaucoup de gens en dehors du pays pensent que les femmes et les filles ont recouvré leurs droits. C'est tout simplement faux. Les femmes et filles sont toujours victimes d'abus, de harcèlements, et menacées partout en Afghanistan, souvent par des troupes gouvernementales et des officiels. "

Zama Coursen-Neff, le co-auteur du rapport et chercheuse à la division des droits des enfants pour Human Rights Watch


 
Le rapport de 52 pages, intitulé " Nous Voulons Vivre Comme des Etres Humains : Répression des Femmes et des Filles dans l'Ouest de l'Afghanistan " ("We Want to Live As Humans : Repression of Women and Girls in Western Afghanistan") insiste sur les mesures de restrictions de plus en plus sévères imposées aux femmes et aux jeunes filles par Ismail Khan, un gouverneur local de l'ouest de l'Afghanistan qui a bénéficié d'assistance militaire et financière des Etats Unis. Human Rights Watch rapporte que la situation à Herat est symptomatique ce de qui se passe à travers le pays, et que les femmes et filles sont victimes de nouvelles limitations dans plusieurs autres régions du pays.

" Beaucoup de gens en dehors du pays pensent que les femmes et les filles ont recouvré leurs droits. C'est tout simplement faux, " déclare Zama Coursen-Neff, le co-auteur du rapport et chercheur à la division des droits des enfants pour Human Rights Watch. " Les femmes et filles sont toujours victimes d'abus, de harcèlements, et menacées partout en Afghanistan, souvent par des troupes gouvernementales et des officiels. "

Human Rights Watch a trouvé que la situation des droits des femmes et des filles à Herat s'était clairement améliorée depuis la chute des Talibans, notant que beaucoup de femmes et filles avaient eu le droit de retourner à l'école et à l'université, et de reprendre certains emplois. Mais le rapport précise que ces avancées furent tempérées par les répressions croissantes imposées par le gouvernement dans les domaines de la vie sociale et politique. Ismail Khan a censuré des groupes de femmes, intimidé des leaders féminins, et écarté des femmes de son administration à Herat. Les restrictions portant sur le droit de travailler signifient que beaucoup de femmes ne pourront jamais mettre leur éducation à profit.

Le rapport de Human Rights Watch avance qu'Ismail Khan est allé jusqu'à recruter des jeunes garçons pour espionner les filles et les femmes, et rendre compte de leurs comportements qualifiés de non-islamics.

Dans certains cas, la police agissant sous les ordres d'Ismail Khan a interrogé des femmes et filles vues seules avec des hommes, même lorsqu'il s'agissait de chauffeurs de taxi, et a arrêté ceux qui n'avaient pas de lien de parenté. Human Rights Watch affirme que les hommes interceptés dans ces circonstances sont généralement mis en prison ; les femmes sont emmenées à l'hôpital, où la police oblige les médecins à pratiquer des examens médicaux sur les femmes afin de déterminer si elles ont eu des relations sexuelles, ou si elles ne sont pas mariées, si elles sont vierges.

" Ismail Khan a crée une atmosphère dans laquelle les officiels et les certains individus croient avoir le droit de contrôler tous les aspects de la vie des femmes et des filles : leur manière de s'habiller, de se déplacer en ville, et ce qu'elles disent, " affirme Coursen-Neff. " Les femmes et les filles à Herat attendaient et méritaient plus lorsque les Talibans furent renversés. "

Human Rights Watch a déclaré que les problèmes des femmes et des filles s'aggravaient dans beaucoup de régions du pays, en dehors de la capitale, Kabul. Au cours de l'année 2002, des écoles de filles ont été incendiées ou détruites par des attaques de rockets dans au moins cinq provinces différentes.

Human Rights Watch affirme que des rapports provenant de différentes régions indiquent que les femmes et les filles sont régulièrement les cibles d'abus orchestrés par les troupes gouvernementales et les officiels, ceux-ci invoquant souvent de vagues décrets sur l'habillement et sur le comportement social. Dans beaucoup de régions, la police locale et les troupes gouvernementales appliquent les restrictions datant des Talibans, interdisant notamment la musique et obligeant les femmes et les adolescentes à continuer à porter les burqas.

Human Rights Watch a déclaré que beaucoup de gouverneurs locaux avaient reçu des armes et de l'assistance provenant des Etats Unis et d'autres pays pendant l'année 2002. Human Rights Watch a appelé tous les pays engagés en Afghanistan à cesser toute assistance militaire aux commandants locaux et à coordonner toute future aide par le gouvernement central de Kaboul.

Human Rights Watch a vivement conseillé à l'Administration de Transition afghane à Kaboul d'interdire les harcèlements et les abus imposés aux femmes, et de nommer de nouveaux gouverneurs civils dans les provinces où ont lieu de sévères abus contre les femmes et les filles. Human Rights Watch a également encouragé les autres pays à soutenir le gouvernement afghan dans ces efforts. L'organisation a appelé les donneurs internationaux à soutenir le travail des femmes afghanes, à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement, par exemple, en soutenant des groupes de femmes à travers le pays.

Human Rights Watch a appelé la Mission d'Assistance des Nations Unis en Afghanistan (MANUA) à élargir les efforts de monitoring des droits de l'homme et à continuer les efforts de consolidation de la Commission afghane des droits de l'homme, afin d'aider à assurer la protection de tous les Afghans qui cherchent à s'exprimer ouvertement et qui bravent les auteurs des abus.

Sachant que les efforts pour améliorer la sécurité et la protection des droits de l'homme nécessiteraient une présence accrue des opérations internationales de maintien de la paix, Human Rights Watch appellent les Etats Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas à mener des efforts afin d'élargir les forces internationales de maintien de la paix en Afghanistan, qui sont actuellement stationnées que dans la région de Kaboul. L'Allemagne et les Pays-Bas assumeront le commandement des forces de maintien de la paix début 2003. Human Rights Watch appellent les Etats Unis, l'Union Européenne, et l'OTAN, ainsi que le Pakistan, l'Iran et d'autres pays frontaliers avec l'Afghanistan à apporter tout le support logistique et les renseignements nécessaires à l'élargissement des opérations de maintien de la paix.

" La coalition menée par les Etats Unis a justifié la guerre contre les Talibans en partie par la promesse de libérer les femmes et les filles afghanes. " a déclaré Coursen-Neff. " En réalité, en soutenant les chefs de guerre répressifs, la communauté internationale a brisé cette promesse et a négligé les droits des femmes. "

Le rapport de Human Rights Watch est le deuxième de deux rapports sur Herat. En novembre, Human Rights Watch a publié un rapport de 51 pages, intitulé " Tous nos Espoirs sont déçus : Violence et Répression dans l'ouest de l'Afghanistan, " documentant les abus commis par les forces d'Ismail Khan contre les opposants politiques, les détenus et les minorités ethniques.