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Nigeria : l'inaction du gouvernement a coûté des centaines de vies à Jos
(New York, 18 décembre 2001) Le gouvernement du Nigeria aurait pu et aurait dû éviter les très nombreux meurtres qui se sont produits à Jos en septembre, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport détaillé paru aujourd'hui. On estime qu'au moins un millier de personnes ont été tuées en six jours seulement alors que Jos, la capitale de l'état du Plateau, était secouée par une violence sans précédent opposant chrétiens et musulmans.


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Le gouvernement ne peut s'asseoir et laisser faire. Il se doit de maintenir la paix. Il y a eu des signaux indiquant de façon évidente que des problèmes se préparaient à Jos mais ces signaux ont été complètement ignorés.

Peter Takirambudde, directeur exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch


 
Le gouvernement devrait s'assurer que les enquêtes sur les massacres de septembre sont approfondies et impartiales et il devrait traduire en justice les responsables de ces actes, a déclaré Human Rights Watch.

Le rapport de 25 pages intitulé "Jos : une ville déchirée" (Jos: City Torn Apart) se base sur les récits de témoins oculaires rassemblés lors d'une visite effectuée à Jos, en octobre 2001. Human Rights Watch décrit comment, entre le 7 et le 13 septembre 2001, pour la première fois de son histoire, la ville de Jos a été le théâtre de meurtres à grande échelle et de destructions. Chrétiens et musulmans ont été tour à tour agresseurs et victimes. En plus des meurtres, des milliers de maisons et de bâtiments ont été détruits ou brûlés ; des maisons et des bâtiments commerciaux ont été pillés et certains villages comme Dilimi, à la périphérie de Jos, ont été pratiquement rasés.

Les autorités gouvernementales et les forces de sécurité n'ont pas réussi à prendre les mesures qui auraient pu sauver des centaines de vies, a déclaré Human Rights Watch.

"Le gouvernement ne peut s'asseoir et laisser faire," a déclaré Peter Takirambudde, directeur exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. "Il se doit de maintenir la paix. Il y a eu des signaux indiquant de façon évidente que des problèmes se préparaient à Jos mais ces signaux ont été complètement ignorés."

Takirambudde a attiré l'attention sur l'urgente nécessité d'une action efficace du gouvernement si on veut éviter que la violence à Jos et dans d'autres points chauds du pays ne se ranime et ne cause des milliers d'autres morts.

Les enquêteurs de Human Rights Watch ont interrogé des survivants musulmans et chrétiens de cette violence ainsi que d'autres individus et organisations, dont des militants des droits humains, des chefs religieux, des étudiants et des universitaires. L'université a été l'un des sites de combats les plus féroces pendant la crise.

Le rapport décrit également le contexte qui a porté ces événements, mettant clairement en évidence des signes de tension croissante au cours des semaines qui ont précédé cette irruption de violence. Plusieurs organisations non gouvernementales sont entrées en contact direct avec des autorités du gouvernement de l'état, de la police et de l'armée afin de les avertir de l'imminence des dangers.

"Des menaces explicites en provenance tant des groupes musulmans que chrétiens n'ont pas été prises au sérieux par le gouvernement," a déclaré Takirambudde. "Leurs avertissements ont bel et bien été ignorés."

Les avis pour déterminer qui furent les principaux responsables de cette irruption de violence varient et sont souvent très polarisés. Cependant, toutes les personnes interrogées par Human Rights Watch sont tombées d'accord sur une conclusion : la violence était prévisible mais les autorités gouvernementales ont échoué à la prévenir. Ces personnes ont également déploré l'absence de la police durant la crise et son incapacité à assurer la protection et la sécurité de la population.

La plupart des actes de violence ont été perpétrés par des civils, en possession d'armes diverses allant des couteaux aux fusils en passant par les machettes. Cependant, il a aussi été rapporté que des membres des forces de sécurité avaient commis des violations des droits humains pendant la crise. En particulier, vingt-deux détenus qui tentaient de s'échapper de la prison de Jos, dans la nuit du 9 au 10 septembre, ont été abattus par la police.

Le rapport de Human Rights Watch exhorte le gouvernement du Nigeria à :
  • S'assurer que les deux commissions créées pour enquêter sur la crise - l'une au niveau fédéral, l'autre au niveau de l'état - conduisent des investigations complètes et indépendantes et rendent publiques leurs conclusions.
  • Identifier les personnes coupables d'avoir organisé et mené à bien cette violence ainsi que les membres des forces de sécurité responsables des violations des droits humains et les traduire en justice.
  • S'assurer que la police est convenablement formée, préparée et équipée pour prévenir toute nouvelle irruption de violence à l'avenir.