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Burundi : enlèvement d'enfants pour des actions militaires
Mandela et les Nations Unies doivent agir pour libérer les enfants soldats

(New York, 13 novembre 2001) Les douzaines d'élèves enlevés dans des écoles burundaises, la semaine dernière, doivent être libérés et le mouvement rebelle burundais qui les a capturés doit mettre fin à de tels rapts, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.


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Toutes les parties - rebelles ou gouvernementales - ont utilisé des enfants dans cette guerre horrible. Mais capturer des élèves en grand nombre, dans les écoles, afin d'en faire des soldats constitue une pratique nouvelle et fort inquiétante.

Alison Des Forges,
Conseillère à la Division Afrique de Human Rights Watch


 
Le groupe rebelle, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD) ont enlevé des élèves afin qu'ils servent comme soldats dans la guerre que le mouvement mène contre le gouvernement du Burundi. "Toutes les parties - rebelles ou gouvernementales - ont utilisé des enfants dans cette guerre horrible. Mais capturer des élèves en grand nombre, dans les écoles, afin d'en faire des soldats constitue une pratique nouvelle et fort inquiétante," a déclaré Alison Des Forges, Conseillère à la Division Afrique de Human Rights Watch.

Human Rights Watch appelle Nelson Mandela, ancien Président de l'Afrique du Sud et médiateur dans la guerre civile au Burundi, à plaider en faveur de la libération des élèves. Mandela s'adressera au Conseil de Sécurité des Nations Unies cette semaine.

"Une dénonciation ferme par Mandela et le Conseil de Sécurité pourrait peut-être convaincre les rebelles de libérer les élèves", a déclaré Des Forges. "Cela pourrait même peut-être persuader les FDD de laisser les enfants à leurs livres plutôt que de les forcer à manipuler des armes."

Selon un accord obtenu par Mandela, le gouvernement burundais et les parties politiques d'opposition partagent le pouvoir dans un gouvernement de transition installé le 1er novembre. Le parti le plus important dirigé par des Hutu, au Burundi, le FRODEBU, participe au gouvernement de Pierre Buyoya, un Tutsi. Mais les deux groupes rebelles dominés par les Hutu, les FDD et les Forces Nationales pour la Libération (FNL) ne font pas partie du gouvernement et ont intensifié la guerre depuis la prise de pouvoir de ce nouveau gouvernement.

Des représentants du FRODEBU et des FDD doivent se rencontrer cette semaine, en Tanzanie, afin de discuter d'un cessez-le-feu. Les rebelles des FDD ont fréquemment trouvé refuge en Tanzanie et ont bénéficié du soutien du gouvernement de la République Démocratique du Congo. Human Rights Watch a fermement encouragé le FRODEBU, mais aussi les responsables tanzaniens et congolais, à dénoncer ces enlèvements. "Ce sont les responsables qui parlent en tête-à-tête aux FDD qui sont les mieux placés pour les convaincre de respecter les lois de la guerre," a déclaré Des Forges.

Les forces des FDD ont enlevé plus de cinquante élèves des cours élémentaires et moyens de l'école primaire de Kirambi, dans la province orientale de Ruyigi, le 6 novembre. Trois jours plus tard, d'autres rebelles FDD ont enlevé plus de cent élèves du lycée de Musema, dans la province de Kayanza et ont totalement brûlé l'école. Les rebelles ont forcé les élèves à transporter les biens volés dans les maisons et magasins avoisinants et ont battu ceux qui vacillaient sur la route. Lors d'attaques antérieures, les rebelles ont fréquemment contraint des civils à les accompagner pour assurer le transport des biens pillés puis les ont relâchés. Mais la semaine dernière, les rebelles auraient déclaré aux élèves qu'ils ne les libéreraient pas et feraient d'eux des soldats afin qu'ils les aident dans leur guerre contre le gouvernement qui dure depuis huit ans.

Beaucoup d'élèves de Musema ont échappé aux rebelles, certains prenant la fuite quand les soldats gouvernementaux ont lancé une attaque contre les forces FDD. Plusieurs élèves de Kirambi ont aussi fui ceux qui les avaient capturés et sont rentrés chez eux. Mais des douzaines d'élèves, principalement les plus jeunes, demeurent aux mains des rebelles. Le plus jeune des enfants capturés avait douze ans.