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Afghanistan : la nouvelle guerre met les droits des femmes en péril
(New York, 29 octobre 2001) Les femmes afghanes vont probablement devoir faire face à des souffrances supplémentaires, infligées par les différentes factions en guerre en Afghanistan. Elles vont aussi devoir subir certaines des conséquences humanitaires les plus graves de l'action militaire dirigée par les Etats Unis, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.


Sur le même thème

HUMANITÉ BAFOUÉE : violations systématiques des droits des femmes en Afghanistan
Rapport, Octobre 2001

Droits des femmes
En anglais

Après les attaques du 11 septembre
HRW documents en français

"Les femmes ont enduré le plus gros des atteintes aux droits humains commises en Afghanistan tout au long du conflit et elles sont actuellement tout particulièrement en danger. Tout arrangement politique concernant l'avenir de l'Afghanistan doit accorder une attention spéciale à ce que les femmes ont supporté et aux remèdes qui peuvent y être apportés."

LaShawn R. Jefferson, directrice exécutive de la Division Droits des Femmes de Human Rights Watch


 
Dans un nouveau rapport paru aujourd'hui, Human Rights Watch apporte des informations sur les atteintes catastrophiques portées contre les droits des femmes au cours d'une décennie de conflit en Afghanistan ainsi que sous le régime répressif des talibans. Le rapport de 27 pages intitulé, "Humanité bafouée : violations systématiques des droits des femmes en Afghanistan", exhorte la communauté internationale à protéger les droits des femmes durant le conflit et à inclure, comme partie intégrante de toute reconstruction post-conflit en Afghanistan, un respect entier et une protection totale des droits des femmes.

"Les femmes ont enduré le plus gros des atteintes aux droits humains commises en Afghanistan tout au long du conflit et elles sont actuellement tout particulièrement en danger", a déclaré LaShawn R. Jefferson, directrice exécutive de la Division Droits des Femmes de Human Rights Watch. "Tout arrangement politique concernant l'avenir de l'Afghanistan doit accorder une attention spéciale à ce que les femmes ont supporté et aux remèdes qui peuvent y être apportés."

Les restrictions imposées par les talibans sur les mouvements des femmes, leur habillement et leur liberté d'association pourraient empêcher les femmes de fuir vers des zones de sécurité ou d'accéder à l'aide humanitaire, a déclaré Human Rights Watch. Les femmes sont contraintes de porter un chadari, vêtement qui les couvre de la tête aux pieds et qui rend véritablement difficile tout mouvement rapide. Comme les femmes ne sont pas autorisées à se déplacer hors de chez elles sans un parent proche de sexe masculin, les veuves et les femmes chefs de famille sont confrontées à une crise humanitaire particulièrement grave.

Les forces des talibans et les forces maintenant regroupées dans le Front Uni ont sexuellement agressé des femmes, les ont enlevées et les ont forcées à des mariages au cours du conflit armé, les prenant pour cibles sur la base de leur sexe et de leur appartenance ethnique. Des milliers de femmes ont été physiquement agressées et ont vu leur liberté et leurs droits fondamentaux gravement restreints.

"Les talibans ont cherché à gommer les femmes de la vie publique par le biais d'une discrimination de large ampleur. Ils ont puni les femmes par des passages à tabac publics," a déclaré Jefferson. "Toute solution politique en Afghanistan doit inclure la recherche des responsabilités pour cette violence et cette discrimination systématiques."

Human Rights Watch a appelé toutes les parties au conflit à s'engager en faveur du respect du droit international en matière de droits humains et de droit humanitaire, à enquêter sur les coupables de ces violations et à les tenir pour responsables de leurs actes. L'organisation internationale de surveillance des droits humains a exhorté les talibans et le Front Uni à cesser leurs violations du droit humanitaire, en particulier les violations spécifiquement à l'encontre des femmes, du fait de leur sexe et a pressé la communauté des bailleurs de s'assurer que les femmes seront incluses, tant comme bénéficiaires de l'aide que comme partenaires sur un plan d'égalité, dans les décisions concernant le développement et les projets d'aide en Afghanistan.

Les deux extraits suivants sont des témoignages issus du rapport "Humanité bafouée : violations systématiques des droits des femmes en Afghanistan" :

Zafia Akil, veuve travaillait comme couturière à Kaboul :
    Les talibans demandaient à mes clients, "Pourquoi allez-vous chez elle ? Est-ce que vous vous réunissez pour comploter contre nous ?" J'avais une pancarte à l'extérieur qui indiquait "Couture pour femmes et enfants." Trois fois, ils sont venus et m'ont mise en garde et je leur ai dit, "Je suis veuve, que dois-je faire ?" La troisième fois, ils ont enlevé ma pancarte et ont dit que si je ne cessais pas ce travail, ils me tueraient. Ils m'ont accusée de comploter contre les talibans. Ils ont dit, "Tout le monde doit coudre ses propres vêtements ; nos femmes cousent leurs propres vêtements. Dieu vous aidera si vous faîtes tout selon Sa volonté." C'était la Police Religieuse et j'ai été contrainte de fermer boutique il y a quatre mois et de partir pour le Pakistan.
Shokeria Ahmed, médecin à Kaboul :
    Mon mari a appelé un taxi pour qu'il nous conduise, mon bébé et moi, à l'hôpital. Cinq minutes plus tard, une voiture de la Police Religieuse a arrêté le taxi. On m'a fait descendre du taxi. J'ai eu de la chance parce que mon mari avait dit au chauffeur de taxi que j'étais médecin. Le chauffeur de taxi a dit aux talibans qu'il m'emmenait à l'hôpital. Il y avait trois talibans. L'un d'entre eux a battu le chauffeur avec un câble jaune assez large. J'avais peur. Il m'a demandé pourquoi les trous dans mon chadari étaient si grands. Pourquoi êtes-vous seule dans le taxi ? J'ai demandé, "Allez vous me battre ?" J'ai mis mon enfant dans la voiture et je leur ai dit, "Battez-moi mais ne touchez pas à l'enfant." Il m'a battue. J'ai protégé mon visage. Il m'a frappée plusieurs fois, sur le dos et les bras. J'ai eu des bleus.