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Attaques contre des établissements de santé, leur personnel et des patients

Le manque de contrôle et de protection entrave l’accès à la justice

(Genève) – Des attaques contre des établissements médicaux, des travailleurs de la santé et des patients ont eu lieu dans au moins 17 pays en proie à des conflits et des troubles civils depuis janvier 2014, ont déclaré Human Rights Watch et la Coalition Protéger la santé dans les conflits  (Safeguarding Health in Conflict Coalition) dans un rapport conjoint publié aujourd'hui. Le rapport a été publié lors de la réunion annuelle des ministres de la Santé du monde entier, qui se déroule à Genève du 18 au 26 mai 2015.

Le rapport de 22 pages, « Attacks on Health: Global Report » (« Attaques contre la santé : Rapport mondial »), souligne des attaques récentes dans les pays à travers le monde. Au cours de l’année dernière, des groupes armés ont attaqué des hôpitaux, des cliniques et du personnel de santé dans 41 incidents en Afghanistan et ont délibérément tué plus de 45 travailleurs de la santé, principalement des vaccinateurs contre la poliomyélite au Nigeria et au Pakistan. En Syrie, où des installations médicales à Alep ont été frappées par des bombes-barils du gouvernement, 194 membres du personnel médical ont été tués et 104 installations médicales ont été attaquées depuis 2014.

« L'Assemblée générale de l'ONU a appelé les pays membres en décembre à prendre des mesures concrètes pour améliorer la protection des travailleurs de la santé », a déclaré Leonard Rubenstein, président de la coalition, qui comprend plus d’une vingtaine d’organisations non gouvernementales. « Cependant, les attaques ciblées en cours contre les établissements de santé et la violence contre les travailleurs de la santé, ainsi que l'absence d'un système solide permettant d’exiger des comptes aux auteurs de ces attaques, indiquent que beaucoup plus d’efforts doivent être effectués. »

L'Organisation mondiale de la Santé devrait accélérer son initiative visant à développer des systèmes pour collecter et diffuser des informations sur les attaques contre les installations médicales et leur personnel, ont déclaré Human Rights Watch et la coalition. Ils ont également exhorté les gouvernements et les groupes armés non étatiques à faire davantage d’efforts pour prévenir les attaques et exiger des comptes aux personnes responsables.

Les organisations ont fait état d’attaques dans le Sud-Soudan, où 58 personnes ont été tuées dans quatre hôpitaux au cours d’une série d'attaques au début de 2014, ainsi que dans l'est de l'Ukraine, où l'on estime qu’entre 30 et 70 pour cent des travailleurs de la santé ont fui la région en raison de l'insécurité. Au Yémen, des militants d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) ont mené des attaques contre des établissements de santé au début de 2014, et la coalition de 10 pays dirigée par les Saoudiens a mené des frappes aériennes qui ont touché des hôpitaux et interrompu les fournitures médicales pendant le conflit au début de 2015. Selon les données du projet Security in Numbers Database fournies par Insecurity Insight, le rapport montre également des tendances d’attaques contre les soins de santé sur les dix dernières années dans le Sud-Soudan et en République centrafricaine.

Les organisations ont également examiné les mesures gouvernementales qui affectent les soins de santé pendant les conflits. La Turquie, par exemple, a adopté une loi criminalisant la prestation de soins d'urgence sans autorisation officielle, exposant potentiellement les travailleurs de la santé à un emprisonnement d'un à trois ans pour le traitement de manifestants blessés.

Les organisations ont également noté certains progrès dans la riposte mondiale, tels que la résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies de décembre 2014, qui renforce les normes de protection comme un élément clé du droit à la santé, ainsi que la direction accrue fournie par l'Organisation mondiale de la Santé.

Le rapport a été publié en conjonction avec une carte en ligne représentant des attaques contre les soins de santé produite par Médecins pour les droits humains. La carte interactive documente les attaques, en fournissant un historique de chaque pays et en mettant en évidence des exemples illustratifs et flagrants d’attaques qui ont eu lieu entre janvier 2014 et avril 2015.

« Au lieu d'être protégés, les soins médicaux sont en fait une cible », a déclaré Donna McKay, directrice exécutive de Physicians for Human Rights (« Médecins pour les droits humains »), organisation membre de la coalition. « En Syrie le mois dernier, il y a eu au moins 14 attaques contre des hôpitaux et les décès de sept membres du personnel médical. Le bilan des agressions contre la santé dans près d’une vingtaine de pays heurte la conscience et exige une réponse mondiale. »

Les organisations ont également noté des attaques contre les travailleurs de la santé en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone au cours de l'épidémie d'Ebola sans précédent. Dans chaque pays, la peur et la méfiance, notamment l'idée que les travailleurs de la santé ont propagé la maladie, a conduit à des attaques contre les installations et le personnel de santé. Au Libéria, des pillards ont volé des équipements médicaux, de la nourriture et la literie dans un centre de quarantaine de l’Ebola en août, faisant fuir les patients et les travailleurs de la santé. En Sierra Leone, des travailleurs de la santé ont été attaqués alors qu'ils tentaient d'enterrer les corps de cinq victimes d'Ebola en septembre. Et en Guinée, une foule criant « L’Ebola est un mensonge ! » s’en est prise à des travailleurs de la santé après qu’un marché ait été pulvérisé avec du désinfectant. Huit personnes, notamment des travailleurs de la santé, des responsables locaux et des journalistes fournissant des informations sur le virus d’Ebola, ont été tuées en septembre à coups de machettes et de gourdins. Un tribunal guinéen a condamné 11 personnes à la prison à vie pour ces meurtres en avril 2015.

« Les attaques contre les établissements et les travailleurs de santé violent le droit international et interfèrent avec les protections fondamentales du droit à la santé », a déclaré Joe Amon, directeur de la division Santé et droits humains à Human Rights Watch, membre de la coalition. « Contrôler les attaques peut nous aider à mieux comprendre l'ampleur de ce problème mais, en fin de compte, l'ONU et les gouvernements doivent protéger les travailleurs de la santé et faire pression pour que les personnes responsables de ces actes soient traduites en justice. »

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