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Un pays « saisi par la peur », c’est ainsi que le Haut commissaire pour les droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a décrit la République centrafricaine lors de sa visite du pays le 4 septembre. Ses propos font écho à ceux que j’entends de la bouche de centaines de victimes et de témoins depuis un an. Leur appel est souvent le même : « Dites aux Nations Unies d’envoyer plus de soldats, nous avons besoin d’aide. »

Il y aura exactement un an cette semaine que la mission de maintien de la paix des Nations Unies, connue sous son acronyme MINUSCA, a pris le relais de la mission de l’Union africaine. Les Casques bleus de l’ONU, comme ceux de l’Union africaine avant eux, et comme les forces  françaises de l’Opération Sangaris avec lesquelles ils collaborent, font un travail louable pour essayer d’enrayer la violence qui règne dans le pays depuis 2013 et qui cible souvent délibérément des civils.

Si le pire est parfois évité, cela ne signifie pas que les violences ou les abus contre les civils aient pris fin, ni que le pays soit stable. Alors que les violences ont décru dans l’ouest du pays, elles flambent dans le centre et à l’est. Les combattants musulmans de la Seleka, tout comme les anti-balaka, de confession majoritairement chrétienne, s’en prennent les uns comme les autres aux civils, victimes en série de meurtres de représailles. Près d’un million de personnes restent déplacées, trop effrayées pour rentrer chez elles.  

Pourtant, ces derniers mois, les seuls gros titres en provenance de la République centrafricaine concernent les abus sexuels commis par des forces internationales chargées du maintien de la paix. Bien sûr, il est vital de mettre un terme à ces violences et de punir les responsables. Mais ce n’est là qu’un aspect des abus endurés par les Centrafricains. Des groupes armés les tourmentent chaque jour. Pour mettre fin à ces abus contre les civils, il faut des forces internationales et un engagement international qui se fait rare.

J’ai vu des Casques bleus de MINUSCA protéger des civils en s’interposant entre les combattants Seleka et les milices anti-balaka. Parfois, à l’inverse, j’ai été frustré de ne pas les voir intervenir, ou de les voir intervenir trop lentement. Néanmoins cette mission de maintien de la paix, aussi  imparfaite soit-elle, reste la meilleure chance de mettre fin aux abus et d’amener la paix et la stabilité dans ce pays.

Le 1er octobre, lors de l’Assemblée générale, les Nations Unies tiendront une réunion au sommet pour recueillir les engagements internationaux. Il faut que les donateurs fassent plus. Le déploiement d’une mission de maintien de la paix n’était que le premier pas. Le seul moyen de calmer les peurs est de mettre fin aux violences contre les civils, d’organiser des élections sûres et crédibles, et de traduire en justice les responsables de violations graves du droit humanitaire et des droits humains. Il faut apporter un soutien technique et financier à la Cour pénale spéciale mise en place par le gouvernement de transition, et s’assurer que tous les électeurs puissent voter aux prochaines élections, y compris ceux des régions du nord et de l’est, et ceux qui sont réfugiés dans des pays voisins.

La tâche de reconstruction de la République centrafricaine et de protection de ses civils est bien loin d’être achevée.

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