Skip to main content

Yémen : Hausse du nombre d’attaques contre les journalistes

Il faut mettre fin aux détentions arbitraires et aux mauvais traitements

(Sanaa, le 23 mars 2015) - Les forces houthistes et d’autres groupes ont intensifié leurs attaques contre les médias au Yémen  alors que la situation politique et sécuritaire continue de se détériorer, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Au cours des dernières semaines, le groupe armé chiite zaydite Ansar Allah (« Partisans d’Allah », également connu sous le nom de houthistes) qui contrôle désormais la capitale, Sanaa, a soumis  les journalistes et d’autres professionnels des médias à une vague d’arrestations arbitraires et de violences.  Des miliciens armés d’Ansar Allah ont pris d'assaut les sièges de trois médias depuis le mois de janvier. D'autres groupes pourraient également être impliqués dans ces attaques. Le 18 mars, des hommes armés non identifiés ont assassiné le journaliste Abdul Karim Mohammed al-Khaiwani, un partisan d’Ansar Allah qui avait souvent critiqué l'ancien gouvernement, près de son domicile à Sanaa.

« La dégradation de la situation sécuritaire au Yémen s’avère particulièrement dangereuse pour le medias de ce pays », a observé Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Toutes les parties au conflit devraient s’assurer que leurs forces cessent de menacer et d’agresser les journalistes de ce pays. »

Le groupe armé Ansar Allah a pris le contrôle d’une grande partie du nord du Yémen à partir de septembre 2014. En fin janvier 2015, la démission sous pression du président Abdu Rabu Mansour Hadi a déclenché une vague de manifestations. Le 8 février, le ministre de l'Intérieur par intérim a ordonné à la police de Sanaa d'empêcher la tenue de toute manifestation non autorisée en raison des « circonstances exceptionnelles » au Yémen. Cette interdiction à durée indéterminée constitue toutefois une violation du droit de réunion pacifique, a indiqué Human Rights Watch. Cinq employés de médias détenus par l'État ont par ailleurs affirmé à Human Rights Watch que depuis la prise de contrôle de Sanaa, Ansar Allah a imposé la nomination de membres du groupe armé à des postes de direction chez ces médias.

Human Rights Watch a recueilli les témoignages de sept professionnels des médias au sujet d’attaques ou de menaces dont ils ont été victimes entre le 31 décembre 2014 et le 7 mars 2015. Il s’agit de Ma`d al-Zekri, (caméraman de la chaîne de télévision Azal), Kamal Gamal (journaliste de Suhail TV), Saif al-Haddiri (président de la Fondation al-Shumoa Press), Ameen Dabwan (correspondant de Yemen Shabab TV), Nabil al-Sharabi (l’un des rédacteurs du journal Akhbar al-Yom), Hisham Hadi (correspondant de la chaine de télévision Suhail), et d’Abdulrahman al-Nahari (propriétaire de la station de radio Widian FM). Des informations détaillées sur chacun de ces cas sont disponibles dans la version anglaise de ce communiqué.

Le Syndicat des journalistes yéménites a par ailleurs signalé que des combattants d'Ansar Allah ont passé à tabac au moins 10 journalistes, caméramen et photographes qui cherchaient à couvrir des manifestations entre le 25 janvier et 25 février. Sept d'entre eux ont été arbitrairement détenus, et plusieurs caméras ont été confisquées ou détruites. La Fondation Libertés (Freedom Foundation), un groupe yéménite qui surveille la liberté de la presse dans ce pays, a rapporté au moins 49 attaques contre les médias en janvier.

En 2013, Human Rights Watch avait publié un rapport intitulé « A Life-Threatening Career : Attacks on Journalists under Yemen’s New Government » (« Un choix de carrière dangereux : Attaques contre les journalistes sous le nouveau gouvernement au Yémen ») qui notait que malgré un certain renforcement de la  liberté d'expression ayant suivi le départ de l’ex-président Ali Abdullah Saleh en février 2012, les journalistes étaient confrontés à des menaces croissantes émanant d’Ansar Allah, de partisans de l’ex-président Saleh, et des forces de sécurité de l'État.

Pour lire le communiqué intégral en anglais, veuillez cliquer ici.

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.