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Il paraît aussi absurde de parler de « migrant illégal » (« illegal migrant » en anglais) que d’affirmer qu’une personne est illégale.

Pourtant, le terme continue d’être employé par les médias grand public. Le New York Times a récemment publié un article sur la « forte poussée du nombre de migrants illégaux venant d’Amérique centrale et traversant la frontière du Texas ». La BBC  et d’autres médias européens ont de la même façon fait état de « migrants illégaux » dans la Méditerranée ainsi qu’aux frontières extérieures de l’Union européenne.

Le terme « migrant illégal » - ou « clandestin » - sous-entend qu’un événement ponctuel dans la vie d’un individu, tel le franchissement irrégulier d’une frontière internationale ou le dépassement de la durée de séjour prévue par un visa, le marquerait au fer rouge du sceau de l’illégitimité ou de la criminalité. Or, contrairement à ce que les médias semblent souvent suggérer, la migration non autorisée est une infraction et non un crime.

Le terme « migrant illégal » - ou « clandestin » - renforce également les préjugés envers les ressortissants de certains pays, ou envers les personnes appartenant à certains groupes ethniques. Ce terme suggère à tort que ces personnes perdraient tous leurs droits en passant la frontière. Or ceci est tout simplement faux dans la mesure où les droits des migrants bénéficient d’une protection spécifique en droit national et international, qu’il s’agisse de l’accès à des procédures judiciaires équitables, de la possibilité de demander l’asile ou du droit à ne pas être détenu arbitrairement.

Pour toutes ces raisons, nous recommandons d’user de termes plus appropriés pour rendre compte de la situation dans laquelle se trouvent ces personnes, tels « migrants sans-papiers » ou « migrants en situation irrégulière ». Vendredi 20 juin, la Plate-forme pour la Coopération internationale sur les Sans-papiers (PICUM) a publié une brochure proposant un glossaire alternatif avec des termes plus exacts et humains pour évoquer les migrants. L’Assemblée Générale des Nations Unies, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), la Commission européenne, l’Organisation Internationale pour les migrations, et certains grands groupes de presse ont déjà adopté ou publié des recommandations similaires. Comme l’ont noté ces différentes organisations, l’usage du terme « illégal » ou « clandestin »  pour qualifier des migrants peut s’avérer inexact en plus d’être déshumanisant.

En abandonnant l’étiquette d’ « immigré clandestin » pour désigner les migrants sans papiers, le respecté New York Times mettrait non seulement ses reportages en conformité avec la pratique internationale – et avec ses propres lignes directrices – mais se montrerait aussi sensible aux conditions difficiles dans lesquelles se trouvent les migrants et à leur dignité humaine.

 

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