Skip to main content

La semaine dernière, les Européens ont voté pour élire leurs députés au Parlement européen, le seul organe de l'Union européenne (UE) dont les membres sont élus directement au suffrage universel. Mais alors que ces élections auraient dû constituer un exercice démocratique massif avec 400 millions de personnes habilitées à voter dans 28 pays, le taux d'abstention a  été globalement élevé, avec une moyenne de 57 pour cent à travers le continent. Alors que les causes de cette faible participation sont très variables, il est rare que soient mentionnés parmi elles les obstacles à une bonne participation politique des personnes handicapées.

L'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) vient de remédier à cela. Les résultats d'une étude globale qu'elle a effectuée afin d'évaluer la participation au processus politique des personnes handicapées au sein de l'UE, montrent que même s'il existe d'importantes différences dans ce domaine entre les divers États membres, des obstacles considérables doivent encore être surmontés.

Ce n'est pas seulement la difficulté d'accéder physiquement aux bureaux de vote qui empêche de nombreuses personnes handicapées de faire entendre leur voix.

Les personnes handicapées en Europe sont confrontées à d'autres obstacles lorsqu'il s'agit de voter. L'étude de la FRA a permis d'établir que dans 11 États membres de l'UE, seules quelques-unes des émissions de télévision qui fournissent des instructions sur les procédures de vote ou des informations sur les candidats les accompagnent d'une interprétation en langage des signes. Quand il s'agit de fournir des sous-titres pour une description sonore des programmes électoraux, ce chiffre tombe à cinq États membres. Et pourtant, les services publics d'annonces sur les élections et d'informations concernant les candidats sont des éléments essentiels pour que l'électeur puisse faire un choix éclairé.

Plus restrictif encore est le fait que dans 15 pays de l'UE, les personnes ayant un handicap intellectuel ou psychosocial et qui sont placées sous tutelle juridique sont privées de leur droit de vote. Sept États seulement garantissent explicitement le droit de vote pour toutes les personnes handicapées. Dans d'autres États membres, comme la Hongrie, le droit de vote est conditionnel et soumis à une évaluation au cas par cas par des magistrats.

Il existe cependant des cas positifs. Cette année, Chantal, une Française ayant un handicap physique qui travaille bénévolement pour Jaccede, une organisation à but non lucratif qui milite pour l'amélioration des conditions d'accès aux lieux publics, n'a eu aucune difficulté pour voter à Paris. Cela représente une importante amélioration par rapport aux années précédentes, quand la table où était posée l'urne était trop haute pour que Chantal, de son fauteuil roulant, puisse l'atteindre.

En Croatie et en Lettonie, la privation automatique de l'exercice de leur droit de vote des personnes ayant perdu leur capacité juridique a été récemment abolie. Ailleurs, des candidats aux fonctions électives commencent à rendre leurs sites internet accessibles aux personnes non voyantes ou à traduire leurs messages de campagne en langage des signes. Et partout dans l'UE, les personnes handicapées luttent pour l'exercice de leur droit à la participation au processus politique.

L'Europe ne peut prétendre être une véritable union entre des peuples si elle n'est pas inclusive pour tous ses citoyens. La participation active des personnes handicapées au processus politique est essentielle pour éliminer les obstacles auxquels elles se heurtent tous les jours.

 

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.