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Dans une longue interview parue dans Le Monde (« Jean-Claude Killy : Avec Poutine, on est devenu copains »), M. Killy, l’homme clé du CIO pour l’organisation des JO d’Hiver à Sotchi, tient des propos qui ne résistent pas à l’épreuve des faits, et en particulier à l’épreuve des enquêtes menées par Human Rights Watch en Russie.

M. Killy affirme ainsi que la loi réprimant l’homosexualité « est sortie comme un lapin du fourré ». Dès 2012, Human Rights Watch a appelé les autorités russes à ne pas adopter une loi qui constituerait une grave menace contre les personnes LGBT. Nous avons alerté le CIO plusieurs semaines avant l’adoption de cette loi.

M. Killy affirme que « 72 pays dans le monde répriment l’homosexualité » et sont « membres du CIO »… . Il se trompe puisque ces pays sont membres du « mouvement olympique » et non du CIO. Il devrait publiquement regretter que tant de pays répriment sur la base de l’orientation sexuelle. Mais surtout, M. Killy oublie de préciser que ces autres pays n’ont pas été choisis par le CIO pour organiser les JO.  Alors que la Russie, elle, a cette chance et cet honneur. Et l’adoption de cette loi discriminatoire, sept mois avant les Jeux, constitue une vraie gifle à la Charte olympique.

 M. Killy affirme que « 250 à 350 » ouvriers ont été maltraités par les entreprises pendant la préparation des JO. Il devrait relire l’enquête de Human Rights Watch qui montre que de mauvaises conditions de travail et le non-paiement de salaires étaient généralisés sur les différents sites des JO de Sotchi. Le CIO a d’ailleurs publiquement répondu aux informations contenues dans notre rapport. Il était donc parfaitement au courant de la situation.

En réponse à une question sur la corruption, M. Killy affirme que « le véritable problème des JO a toujours été  les délais de livraison ». C’est bien là que réside la faiblesse du CIO : obnubilé par des questions liées à l’organisation des JO, il ferme les yeux sur les dérives et sur les violations des droits humains dans les pays hôtes. M. Killy devrait se battre pour que le CIO se dote d’un comité d’éthique en charge de vérifier les engagements des pays hôtes en matière de droits humains.

M. Killy affirme enfin que M. Poutine, son « ami », lui a dit « avec le sourire » « que la démocratie progresse à grands pas dans son pays ». M. Killy ne précise pas si le sourire de M. Poutine était ironique. Une fois qu’il aura lu le chapitre Russie du rapport mondial 2014 de HRW qui paraîtra le 21 janvier, il mesurera sans doute le côté terriblement cynique des propos de M. Poutine.

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