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Yémen : La nouvelle constitution devrait protéger les droits des femmes

L'élimination de la discrimination devrait être placée au cœur du dialogue national

(Sanaa, le 17 septembre 2013) – Le Yémen devrait protéger les droits des femmes en veillant à ce que sa nouvelle constitution prévoie des mesures de protection adéquates pour les femmes, a indiqué Human Rights Watch dans une lettre rendue publique aujourd’hui et adressée à la présidente du Groupe de travail sur les droits et les libertés mis en place dans le cadre du processus de Dialogue national que le pays a engagé.

Le Dialogue national du Yémen, qui regroupe divers secteurs de la société yéménite, a pour objectif de définir la future orientation du pays et de déterminer également les composantes fondamentales d'une nouvelle constitution. Le Groupe de travail sur les droits et les libertés est chargé des droits humains, y compris des droits des femmes. Dès que les travaux du Dialogue national s’achèveront en septembre 2013 (cette date d’échéance étant toutefois susceptible d’être reportée), un comité sera créé pour rédiger la nouvelle constitution. La constitution sera adoptée après avoir été soumise à un référendum national.

« Il n’est pas exagéré d’affirmer que l'avenir des femmes et des jeunes filles du Yémen va dépendre des efforts déployés en leur faveur par le Groupe de travail sur les droits et les libertés », a déclaré Rothna Begum, chargée de recherche sur les droits des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord chez Human Rights Watch. « Il s’agit d’une opportunité historique qui va permettre au Yémen de mettre fin, aussi bien en droit qu’en pratique, à une discrimination profondément enracinée qui a été pratiquée à l’encontre des femmes».

Les femmes yéménites subissent une grave discrimination dans tous les aspects de leur vie, a indiqué Human Rights Watch. Les femmes ne peuvent pas se marier sans l’autorisation de leurs tuteurs masculins ; elles n’ont pas les mêmes droits en matière de divorce, de succession ou de garde parentale et l’absence de protection légale les expose à des actes de violence conjugale et sexuelle. Les mariages d’enfants sont très répandus au Yémen et des fillettes âgées d'à peine huit ans sont souvent contraintes au mariage.

Dans sa lettre au Groupe de travail sur les droits et les libertés, Human Rights Watch a exposé les problématiques clés affectant les droits des femmes. Human Rights Watch a formulé une série de recommandations demandant au groupe de travail de veiller à ce que les femmes yéménites disposent des mêmes droits que les hommes, de promouvoir leur droit à participer à la vie politique à l'égal de leurs homologues masculins et de les protéger contre la discrimination et la violence sexiste.

La nouvelle constitution devrait établir des dispositions claires et explicites pour garantir la parfaite égalité hommes/femmes y compris devant la loi conformément aux lois et traités internationaux, a déclaré Human Rights Watch. La constitution devrait imposer des mesures positives visant à garantir l’autonomisation totale des femmes de façon à ce qu’elles puissent bénéficier pleinement de leurs droits dans la même mesure que les hommes. Elle devrait également interdire la discrimination fondée sur le sexe, le genre, le statut marital, la grossesse ou d'autres caractéristiques spécifiques au genre et veiller à ce que toutes les formes de discrimination soient prohibées.

Le Groupe de travail sur les droits et les libertés devrait recommander l’adoption de mesures visant à tenir spécifiquement compte des obstacles sociaux et culturels à la pleine participation des femmes à la vie politique, même lorsque leurs droits sont légalement et constitutionnellement garantis et protégés, a déclaré Human Rights Watch. Parmi ces mesures pourraient figurer des campagnes de sensibilisation du public sur les droits des femmes, le renforcement des capacités des femmes à prendre part à la vie civique et le soutien aux femmes chefs de file.

La nouvelle constitution du Yémen devrait inclure des dispositions définissant la violence sexiste comme une forme de discrimination et ordonnant aux autorités de prendre des mesures pour empêcher cette discrimination et y répondre. Le pouvoir législatif yéménite devrait ensuite adopter des lois visant à mettre fin à toutes les formes de violence faite aux femmes et aux jeunes filles.

La constitution devrait également contenir une disposition affirmant que les femmes disposent des mêmes droits que les hommes pour se marier de leur plein gré, des mêmes droits que les hommes dans le cadre du mariage et en cas de divorce et des mêmes droits que les hommes en termes de succession. La loi sur le statut personnel et les autres lois devraient être révisées aux fins de supprimer toutes les dispositions introduisant une discrimination à l’encontre des femmes.

Le mariage des enfants, l’une des formes de discrimination sexuelle les plus graves, est fréquent au Yémen. Des mariages précoces peuvent porter de graves préjudices physiques et émotionnels aux jeunes filles et les priver de la possibilité d’étudier ainsi que d'autres opportunités. Le Yémen devrait fixer l’âge minimum du mariage à 18 ans, a indiqué Human Rights Watch.

Le Dialogue national a commencé le 18 mars, plus d’un an après la destitution du Président Ali Abdullah Saleh. Un échantillon représentatif de la société yéménite composé de 565 personnes dont 28% de femmes participe au Dialogue national. Le dialogue porte entre autres sur les griefs avancés par les Yéménites sécessionnistes du sud ou de la région de Sa’da située au nord du pays, la réconciliation nationale et la justice transitionnelle, la création de l’État, la bonne gouvernance, le rôle de l'armée et des forces de sécurité, la protection des groupes vulnérables, les droits et libertés et le développement.

Les recommandations du Dialogue national serviront de base à la rédaction d’une constitution. À l’issue d’un référendum approuvant la constitution, des élections générales seront alors organisées et viendront ainsi marquer la fin de la période de transition planifiée sur deux ans.

« Les femmes ont joué un rôle aux côtés des hommes dans le mouvement d’insurrection du Yémen », a indiqué Rothna Begum. « Les membres du Dialogue national ont une responsabilité à l’égard des femmes et des jeunes filles du Yémen. Ils doivent veiller à ce que leurs droits soient totalement protégés dans la constitution et faire tout ce qui s'impose pour qu'elles puissent vivre leur vie, sans discrimination ni violence ».

 

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