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Égypte : Il faut enquêter sur le meurtre de 51 manifestants par la police et l’armée

La traduction en justice des responsables est essentielle pour briser le cycle de l'impunité

(New York, le 14 juillet 2013) - Le président par intérim égyptien Adly Mansour devrait diligenter une enquête impartiale sur la responsabilité d’officiers de l'armée et de représentants de la police dans le meurtre de manifestants devant le siège de la Garde républicaine au Caire le 8 juillet, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Cette enquête devrait être menée par une commission judiciaire civile, fonctionnant indépendamment de la chaîne de commandement militaire, tant au niveau institutionnel que sur le plan pratique.

Des témoins ont décrit une séquence d'événements le 8 juillet, au cours de laquelle l'armée et la police auraient utilisé une force excessive ayant entraîné la mort de 51 manifestants. Toutefois les procureurs n’ont ouvert d’enquête que sur le rôle présumé de dirigeants et de partisans des Frères musulmans dans les affrontements, sans enquêter sur les actions des  forces armées et de la police.

« L'armée égyptienne a souvent recouru de manière rapide et excessive à la force létale dans le passé, pour disperser des manifestations », a déclaré Joe Stork, directeur par intérim de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « De nombreux témoins de ce dernier incident ont affirmé que des soldats ont tiré sur la foule, y compris sur des personnes non armées. Le gouvernement doit identifier les responsables et les traduire en justice, afin de démontrer son respect des droits fondamentaux au cours de cette période intérimaire. »

Des membres et des partisans des Frères musulmans ont commencé à se rassembler le 5 juillet devant le siège de la Garde républicaine, situé dans la rue Salah Salem au Caire, et leur nombre a grossi après le lancement d’un appel à un sit-in le 7 juillet.

Le 8 juillet, des troupes de l'armée et de la police sont intervenues peu avant l'aube pour disperser un sit-in pacifique de partisans des Frères musulmans. Au cours de violents affrontements qui ont duré six heures, les forces armées - y compris des tireurs d'élite embusqués sur les toits de bâtiments militaires avoisinants - ont tiré à balles réelles, tuant et blessant de nombreux manifestants qui n’étaient pas armés. Des manifestants ont de leur côté lancé des pierres et des cocktails Molotov, et dans certains cas, utilisé des armes à feu. À la fin de la matinée, 51 manifestants, trois membres des forces de sécurité, deux policiers et un membre de l’armée gisaient morts, selon les ministères de la  Santé et de la Défense.

Le porte-parole de l’armée, le colonel Ahmad Ali, a soutenu que les manifestants avaient tenté de prendre d'assaut le bâtiment de la Garde républicaine. Mais l'armée n'a fourni aucune preuve de cette affirmation, et Human Rights Watch n'a recueilli aucune preuve permettant de la corroborer.

Les chercheurs de Human Rights Watch se sont entretenus avec 24 témoins, dont des manifestants et des habitants du quartier, ainsi qu’avec sept médecins. Ils ont visité les lieux de l'incident, quatre hôpitaux où des blessés ont été transportés, ainsi que la morgue où les corps de plusieurs victimes ont été emmenés. Ils ont  en outre analysé plusieurs vidéos fournies par des manifestants et des medias jugées fiables par  Human Rights Watch.

Human Rights Watch a appelé à une enquête sur tous les décès - de manifestants, de passants et de forces de sécurité - et à des poursuites contre tout individu responsable du recours illégitime à la force.

Pour lire l’intégralité de ce communiqué en anglais (incluant une description détaillée des résultats de l’enquête de Human Rights Watch), veuillez cliquer ici.

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