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Syrie: L’armée a largué des bombes incendiaires sur des zones peuplées

Des éléments de preuve indiquent que l’armée a utilisé ces armes qui causent des brûlures atroces

(Washington, le 11 décembre 2012) - L'armée syrienne a largué des bombes incendiaires sur au moins quatre sites en Syrie depuis la mi-novembre 2012, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui, se basant sur des entretiens avec quatre témoins ainsi que sur l’analyse détaillée de plusieurs vidéos.

L'armée syrienne devrait immédiatement cesser d'utiliser les armes incendiaires, a ajouté Human Rights Watch. Au total, 106 pays ont interdit le largage sur des zones peuplées de ces armes qui causent des brûlures graves, mais la Syrie n'a pas signé le traité formalisant cette interdiction.

« Nous sommes très préoccupés par le fait que la Syrie a de toute évidence commencé à utiliser des armes incendiaires, qui causent des souffrances particulièrement graves parmi la population civile ainsi que des dégâts matériels massifs lorsqu’elles sont déployées sur des zones peuplées », a déclaré Steve Goose, directeur de la division Armes à Human Rights Watch. « La Syrie doit cesser d'utiliser ces armes incendiaires dont l’impact est dévastateur. »

Les armes incendiaires comportent des substances inflammables comme le napalm, le thermite ou le phosphore blanc, et sont conçues pour infliger des brûlures à des personnes ou pour incendier des biens et matériels. Ces armes agissent différemment des armes chimiques, qui tuent ou blessent par le biais des propriétés toxiques des produits chimiques libérés lors de leur explosion.

Les armes incendiaires provoquent des brûlures extrêmement douloureuses et profondes, souvent jusqu'à l'os, et sont également susceptibles de causer des dommages respiratoires. Ces brûlures sont difficiles à traiter, en particulier dans les zones de conflit manquant d'installations médicales adéquates, et le traitement lui-même est souvent particulièrement douloureux. Les blessures infligées par ces armes comportent le risque de cicatrices permanentes et de défiguration, ce qui peut mener à l'ostracisme social des victimes. Les armes incendiaires agissent en outre sur de vastes superficies où elles sont susceptibles de provoquer des incendies à grande échelle, et ne peuvent donc pas être utilisés d'une manière permettant de faire la distinction entre les cibles militaires et la population civile dans des zones fortement peuplées.

Depuis la mi-novembre, l'emploi d’armes incendiaires a été signalé dans au moins quatre zones peuplées, à Babila et à Daraya (deux banlieues de Damas), ainsi qu’à Maarat al-Numan (province d’Idlib) et à Quseir (province de Homs). Un militant a indiqué à Human Rights Watch que quatre adultes, dont deux combattants de l’Armée syrienne libre (ASL), ont été blessés lors d'un raid aérien à Maarat al-Numan le 28 novembre. Selon le temoignage de deux autres militants et l’analyse d’images vidéo, environ 20 civils, dont des femmes et des enfants, ont été blessés lors d’une frappe aerienne ayant touché une ecole et plusieurs maisons à Quseir le 3 décembre.

Human Rights Watch a identifié les fragments de deux types de bombes incendiaires visibles sur les vidéos récemment mises en ligne par des militants syriens. Les marquages ​​sur ces fragments indiquent qu’il s’agit de bombes incendiaires de type ZAB (Zazhigatelnaya Aviatsionnaya Bomba) de fabrication soviétique.

La Syrie n'a toujours pas adhéré à la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) de 1980, à laquelle est rattaché un protocole sur les armes incendiaires. À ce jour, 106 États ont signé et ratifié le Protocole III, qui interdit le largage d’armes incendiaires sur des zones caractérisées par une « concentration de civils ». Human Rights Watch plaide actuellement pour le renforcement de la législation internationale visant à contrôler le recours aux armes incendiaires.

Selon les informations disponibles, la Syrie n'est ni un producteur ni un exportateur d'armes incendiaires. Le stock d'armes incendiaires dont dispose ce pays, et dont la taille est inconnue, serait d'origine soviétique.

Pour lire l’intégralité de ce communiqué en anglais, incluant des détails sur les diverses attaques, veuillez cliquer ici.

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