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Maroc: Il faut autoriser les exilés politiques à rentrer au pays

L’opposant Abdelkrim Mouti est toujours privé de passeport

(Rabat, le 22 août 2011) – Le gouvernement marocain devrait renouveler le passeport de Abdelkrim Mouti et lui permettre, ainsi qu’à sa famille, de mettre fin à son exil politique, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans une lettre au ministre de l’Intérieur Taïeb Cherkaoui. Les responsables marocains ont refusé de lui délivrer un passeport, malgré ses demandes répétées, dont la plus récente date de janvier 2011.

Au milieu des années 1990 le Maroc a entamé une période de réformes sur le plan des droits humains pendant laquelle la grande majorité des exilés politiques ont pu retourner chez eux sans être intimidés ni persécutés. Mouti, le chef de l’organisation de jeunes islamistes Chabiba Islamiya, est un des rares Marocains qu’on empêche toujours de retourner dans leur patrie pour des raisons politiques.

En 1980, un tribunal marocain l’a condamné in absentia à la prison à vie pour le meurtre de Omar Benjelloun, le leader du parti socialiste. Mouti, qui a maintenant 77 ans, était à l’étranger au moment du meurtre et a toujours clamé son innocence. Dans des procès ultérieurs (1982 et 1985), toujours in absentia, des tribunaux marocains l’ont condamné à mort pour atteinte à la sécurité de l’État. A cette époque, des centaines d’opposants ont été emprisonnés après des procès iniques.

« Un Marocain a le droit d’avoir un passeport et de retourner dans sa patrie », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Un État de droit ne devrait pas lui refuser ces droits arbitrairement, quel que soit le contenu de son dossier judiciaire ».

Mouti a tenté à plusieurs reprises, sans succès, d’obtenir un passeport marocain. Jusqu’en 2002, le Maroc a également refusé de renouveler les passeports des membres de sa famille proche, apparemment sans autre raison que leur lien avec lui. Mais la plupart des membres de sa famille estiment toujours que se rendre au  Maroc n’est pas sûr pour eux. Ils font remarquer qu’un diplomate marocain leur a conseillé d’attendre une amnistie royale avant d’essayer de revenir. Aucune amnistie n’a été accordée.

Depuis son exil, Mouti a continué de critiquer publiquement le pouvoir, comme par exemple dans une lettre écrite récemment, en tant que leader de la Chabiba Islamiya, où il critique des membres de l’entourage du roi et où il l’encourage à respecter les droits de son peuple.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que le Maroc a ratifié, énonce que « nul ne peut être arbitrairement privé du droit d'entrer dans son propre pays ».

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