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Zimbabwe : Aucune justice n’a été rendue pour les nombreux meurtres et actes de torture

L’impunité engendre de nouvelles exactions, mettant en péril les prochaines élections

(Johannesburg, le 8 mars 2011) - Le fait que le gouvernement du Zimbabwe n'a toujours pas mené d'enquêtes ni engagé de poursuites sur les meurtres, la torture et les violences politiques depuis les élections de 2008 génère de nouvelles violations des droits humains, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.

Le rapport de 40 pages, intitulé « Perpetual Fear: Impunity and Cycles of Violence in Zimbabwe » («Peur constante : L'impunité et les cycles de la violence au Zimbabwe »), examine l'absence de justice dans plusieurs cas représentatifs d'assassinats politiques, de torture et d'enlèvements par les forces de sécurité gouvernementales et leurs alliés pendant et après le second tour de l'élection présidentielle en 2008. Human Rights Watch a appelé le gouvernement de coalition au Zimbabwe à mener immédiatement des enquêtes crédibles, impartiales et transparentes sur ces violations graves des droits humains, et à sanctionner ou à poursuivre les responsables de ces actes, quelle que soit leur fonction ou quel que soit leur grade.

« La promesse du gouvernement de coalition à la suite des élections de 2008 d'engager des réformes en matière de droits humains est restée lettre morte et ne s'est pas traduite par des actes », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Le manque de sanctions gouvernementales contre les criminels ne fait qu'encourager ceux qui sont déterminés à commettre des violences politiques et des actes de torture. »

À la fin de février 2011, la police de Harare a fait une descente lors d'un rassemblement de personnes qui regardaient une vidéo sur les récentes manifestations en Afrique du Nord. La police a arrêté tout le monde dans la salle, et certaines personnes auraient été frappées sur la plante des pieds. L'incident s'inscrit dans une tendance plus large de violence politique contre les opposants présumés du président Robert Mugabe et de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zimbabwe African National Union-Patriotic Front, ZANU-PF), l'ancien parti au pouvoir, dans la perspective des élections prévues l'année prochaine, a expliqué Human Rights Watch.

Human Rights Watch a précédemment documenté des cas de violence au cours des élections de 2008, montrant que le gouvernement dirigé par le ZANU-PF était responsable, au plus haut niveau, d'abus généralisés et systématiques qui ont conduit à la mort de jusqu'à 200 personnes, aux passages à tabac et à la torture de plus de 5 000 autres personnes, et au déplacement forcé d'environ 36 000 personnes.

Il n'y a eu que peu ou pas de comptes rendus pour ces crimes, a indiqué Human Rights Watch. Les plaintes pour violence politique déposées par les victimes ou leurs proches ont été largement ignorées par la police ou sont au point mort dans les tribunaux. Le gouvernement n'a pas répondu aux appels lancés par les organisations non gouvernementales locales à enquêter sur les exactions.

Human Rights Watch a exprimé sa préoccupation quant au fait que nombre des auteurs des crimes graves commis pendant les élections de 2008 continuent à vivre au sein des mêmes communautés, parfois même en tant que voisins de leurs victimes, ce qui soulève des inquiétudes sur la possibilité de futures violences. Des groupes locaux de défense des droits humains ont signalé plusieurs cas dans lesquels des agents de sécurité et des partisans du ZANU-PF qui avaient battu et torturé des personnes lors du second tour de l'élection de 2008 ont menacé les victimes de nouvelles violences, en prévision d'un référendum constitutionnel proposé et de nouvelles élections.

Le gouvernement de coalition au Zimbabwe a également omis d'exiger des comptes à des agents de sécurité qui, en novembre et décembre 2008, ont enlevé et torturé plus de 40 militants des droits humains et représentants du Mouvement pour le changement démocratique, l'ancien parti d'opposition qui fait maintenant théoriquement partie du gouvernement de coalition. Il n'y a pas eu d'arrestations dans cette affaire, en dépit des décisions de justice établissant que des actes de torture ont été commis et de l'identification par les militants de certains agents de l'État responsables de ces actes.

Il y a également eu peu de progrès dans la mise en place de mécanismes de justice transitionnelle efficaces pour faire face aux violations de droits humains passées. L'Organe national de guérison, de réconciliation et d'intégration (Organ for National Healing, Reconciliation, and Integration), mis en place à la suite de la création du gouvernement d'union nationale, n'a pas prévu de dispositions pour la justice et la responsabilisation. Les dispositions constitutionnelles qui permettent à Robert Mugabe d'accorder des grâces, l'amnistie ou la clémence aux personnes impliquées ou reconnues coupables de violations graves de droits humains n'ont pas été modifiées, comme le prévoyait la feuille de route postélectorale.

Human Rights Watch a appelé le gouvernement de coalition à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à l'impunité en instaurant une commission d'enquête indépendante composée de membres de la société civile dignes de confiance, pour enquêter sur les graves violations de droits humains passées, notamment celles commises pendant la période électorale de 2008.

« Le Zimbabwe ne sera pas en mesure de tenir des élections libres, justes et crédibles tant que le gouvernement n'aura pas restauré l'État de droit et mis un terme à l'impunité pour les violations graves de droits humains », a conclu Daniel Bekele. « Le gouvernement doit mettre fin à la violence politique et montrer qu'il peut rendre la justice. »

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