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Vietnam : Le gouvernement doit libérer l’éminent avocat des droits humains Le Cong Dinh

Les défenseurs vietnamiens des droits humains font régulièrement l’objet de harcèlement et d’arrestations

(New York) – Le gouvernement vietnamien doit libérer immédiatement Le Cong Dinh, un avocat respecté et spécialiste des droits humains, et abroger les lois sur la sécurité nationale qui criminalisent les droits à l’expression et à l’association pacifiques, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.

Le 13 juin, la police de l’Agence des enquêtes du ministère de la Sécurité publique a arrêté M. Dinh sur la base d’accusations d’atteinte à la sécurité nationale et perquisitionné son cabinet d’avocats à Hô-Chi-Minh-Ville. Les autorités policières invoquent l’article 88 du Code pénal vietnamien sur la « propagande à l’encontre du gouvernement », un délit passible d’une peine maximale de 20 ans de prison. Cette arrestation survient quelques jours après le discours du président Nguyen Minh Triet, prononcé le 6 juin 2009 lors du congrès annuel de l’Association internationale des juristes démocrates à Hanoi. Il y affirmait le respect et le soutien de son pays en faveur des avocats progressistes et s’en prenait à ceux qui « bafouent la démocratie et les droits humains ».

« Cette arrestation tourne en dérision les belles paroles du président », a déclaré Elaine Pearson, directrice adjointe de la division Asie au sein de Human Rights Watch. «Il s’agit d’un message clair aux avocats et défenseurs des droits humains qui osent élever la voix, sur ce qui les attend. »

Les autorités gouvernementales accusent M. Dinh d’utiliser sa profession d’avocat de défense d’activistes très en vue dans les causes de la démocratie et de la liberté religieuse pour se livrer à une « propagande contre le régime et pour dénaturer la Constitution et les lois vietnamiennes », pouvait-on lire dans Nhan Dan (Le peuple), le journal quotidien officiel du Parti communiste.

Âgé de 41 ans, M. Dinh est l’ancien vice-président du Barreau de Hô-Chi-Minh-Ville et directeur associé de DC Law, une étude d'avocats privée de grande renommée à Hô-Chi-Minh-Ville également. Parmi les clients figurant sur leur page Web, on notait Yahoo!, Sun Wah International, Nestlé et Toyota. Après des études à la faculté de droit de Hanoi et à l’Université de Saigon , M. Dinh obtint une bourse Fulbright pour étudier à l’Université Tulane aux Etats-Unis, où il obtint une maîtrise en droit en 2000.

M. Dinh est surtout connu pour son combat en faveur des blogueurs vietnamiens, des défenseurs des droits humains et des activistes pour la démocratie et les droits des travailleurs tels que Nguyen Van Dai, Le Chi Cong Nhan et Nguyen Hong Hai (connu sous le pseudonyme de Dieu Cay). Dans son plaidoyer en faveur de MM. Dai et Nhan, deux activistes pour la démocratie, lors du procès devant la Cour d’appel en 2007, M. Dinh a déclaré que « parler de la démocratie et des droits humains ne peut pas être considéré comme un acte anti-gouvernemental à moins que le gouvernement lui-même soit anti-démocratique ».

L’avocat au franc parler est aussi connu pour ses critiques ouvertes à propos de la question des mines de bauxite qui suscite beaucoup de controverse dans les hauts plateaux du centre du Vietnam et des revendications chinoises concernant les îles au large des côtes de la mer de Chine méridionale. Dans des interviews réalisées avec la chaîne BBC et la Radio Free Asia, M. Dinh a lancé un appel en faveur du pluralisme politique pour accompagner le pluralisme économique au Vietnam. Ce pays est actuellement un régime à parti unique, contrôlé par le Parti communiste vietnamien.

Dans les articles des medias d’État, les autorités accusent M. Dinh de livrer aux agences de presse et aux sites Web étrangers des « renseignements déformés » sur le gouvernement et les responsables vietnamiens et de « s’allier » à des « réactionnaires » du pays et de l’étranger pour saboter le gouvernement et demander des réformes pour le multipartisme dans des documents et des articles publiés sur Internet et des interviews avec des médias étrangers.

La plupart des personnes détenues pour des motifs politiques et religieux dans les prisons vietnamiennes n’ont pas accès à des conseillers juridiques indépendants lors de leurs procès.

D’autres avocats qui essaient de plaider pour les défenseurs des droits humains et des activistes de la liberté religieuse ont fait l’objet de menaces et de harcèlement. Parmi eux figurent Bui Kim Thanh qui a été internée contre son gré dans un établissement psychiatrique en 2008 et en 2006 pour avoir défendu la cause des agriculteurs qui voulaient obtenir des réparations pour leurs terres spoliées et Le Tran Luat, un autre défenseur des paroissiens catholiques de Thai Ha de Hanoi qui demandaient la restitution des propriétés de l’église confisquées par l’État.

Au cours de l’année 2009, la police a perquisitionné le cabinet de ce dernier à Hô-Chi-Minh-Ville à plusieurs reprises et confisqué des ordinateurs, des documents et des dossiers. En outre, les autorités l’ont empêché de se rendre à Hanoi en mars pour rencontrer ses clients. L’avocat a été mis en détention, puis soumis à des interrogatoires répétés et à des pressions pour l’obliger à laisser tomber l’affaire de Thai Ha. De plus, les medias étatiques ont publié des articles qui faisaient état d’accusations de fraude à l’endroit M. Luat et de l’ouverture d’une enquête sur ses activités par le Barreau de Ninh Thuan dont il est membre.

« L’arrestation de Le Cong Dinh est un exemple des pratiques d’harcèlement menées par le gouvernement vietnamien à l’endroit des activistes pour les droits humains et la démocratie et des avocats qui plaident en faveur de leurs droits à la liberté d’expression », a déclaré Mme Pearson. « Les avocats, comme d’ailleurs tous les citoyens, ont le droit d’exprimer leurs opinions en toute liberté et de façon pacifique. »

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