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(New York, le 30 décembre 2008) - Israël et le Hamas doivent tous deux respecter l'interdiction d'attaques volontaires et indiscriminées contre les civils telle que prévue par le droit international des conflits armés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Human Rights Watch a exprimé sa profonde inquiétude vis-à-vis des bombardements israéliens dans la bande de Gaza depuis le 27 décembre 2008 et vis-à-vis des tirs de roquettes palestiniens ciblant des zones habitées par des civils, tirs et bombardements qui violent le droit international.

Les tirs de roquettes contre des villes israéliennes par le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens qui ne font pas la distinction entre les cibles civiles et militaires violent le droit de conflits armés ; dans le même temps, les centaines de bombes qui continuent d'être larguées par Israël sur Gaza depuis le 27 décembre 2008 semblent également être des attaques illégales car entraînant des pertes civiles. De plus, les sévères restrictions imposées par Israël à la liberté de circulation des personnes et des marchandises non-militaires, y compris le carburant et le matériel médical, aux frontières de la bande de Gaza, constituent une punition collective, violant là encore le droit des conflits armés.

« Les tirs de roquettes visant des zones habitées par des civils ayant pour but de blesser et de terroriser les Israéliens ne sont en aucun cas justifiables, quelle que soit l'action menée par Israël dans la bande de Gaza », a dit Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de Human Rights Watch. « Dans le même temps, Israël ne doit pas viser des individus et des institutions dans la bande de Gaza pour la simple raison qu'ils font partie d'une institution politique gérée par le Hamas, y compris les simples policiers. Seules les attaques visant des cibles militaires sont autorisées, et uniquement dans la mesure où elles sont menées de façon à minimiser les pertes civiles ».

Human Rights Watch a enquêté sur trois attaques israéliennes décrites par des témoins qui suscitent une inquiétude particulière concernant les choix de cibles faits par Israël et requièrent un travail d'enquête indépendant et impartial pour déterminer si ces attaques violaient le droit des conflits armés : un bombardement le 27 décembre à la sortie d'une université, au cours duquel au moins 8 étudiants ont trouvé la mort et 19 autres ont été blessés, un tir de missile le 28 décembre sur la mosquée de Imad Aqil dans le camp de réfugiés de Jabalya, tuant 5 enfants, et le tir de deux missiles sur des habitations dans le camp de réfugiés de Rafah. (voir en fin de communiqué une description précise de ces faits en anglais)

Human Rights Watch a noté que beaucoup d'attaques israéliennes, notamment le premier jour, visaient des postes de police ainsi que des bases de sécurité et de milices contrôlées par le Hamas. Selon le journal The Jerusalem Post, une attaque visant une école de police dans la ville de Gaza le 27 décembre aurait fait au moins 40 morts, dont des dizaines d'élèves officiers au cours de leur cérémonie de remise des diplômes. Le chef de la police aurait également perdu la vie au cours de cette attaque, la plus meurtrière depuis le début de cette campagne. Une autre attaque visant un poste de police de la circulation dans la ville de Deir al-Balah a tué une fillette de 12 ans qui se tenait à proximité. Selon le droit des conflits armés, les agents de police et les postes de police sont considérés comme civils, sauf si les policiers sont des activistes du Hamas ou prennent part directement aux combats, ou bien si le poste de police est utilisé à des fins militaires.

« Israël ne doit pas décréter que tous les policiers et postes de police sont par définition des cibles militaires légitimes » a déclaré Joe Stork. « Il s'agit de savoir si ces policiers jouent un rôle dans la lutte contre Israël, ou si un poste de police spécifique est utilisé pour stocker des armes ou pour toute autre activité militaire ».

Human Rights Watch a fait part de sa profonde inquiétude concernant la situation humanitaire dans la bande de Gaza, déjà terrible avant ces attaques et qui se détériore de plus en plus chaque jour. Un expert auprès du Comité International de la Croix Rouge (CICR) dans la bande de Gaza a indiqué le 28 décembre que les hôpitaux étaient « dépassés et incapables de faire face à l'ampleur et au type de blessures qu'ils voient affluer ». Le CICR a également noté que les stocks de matériel médical et de médicaments étaient déjà très réduits en raison des restrictions imposées par Israël sur la plupart des importations vers Gaza depuis que le Hamas a pris le contrôle de ce territoire en juin 2007. Dans une déclaration du 29 décembre, le CICR a indiqué que certains quartiers manquaient de carburant et d'eau et souffraient de coupures de courant en raison des dégâts causés par les bombardements. Dans ce communiqué, le CICR déclarait également que les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité augmentaient très vite. L'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) a indiqué plusieurs jours avant cette nouvelle escalade de violence que ses stocks de produits de première nécessité étaient au plus bas.

Selon des informations de l'Office de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), et du quotidien israélien Haaretz, plus de 160 roquettes auraient été tirées en direction d'Israël par des groupes armés palestiniens entre le 27 et le 29 décembre derniers, tuant 3 personnes et en blessant 18 autres.

Human Rights Watch critique depuis longtemps les tirs de roquettes palestiniens contre les civils israéliens, comme récemment dans une lettre publique adressée au Hamas le 20 novembre dernier (https://www.hrw.org/en/news/2008/11/20/letter-hamas-stop-rocket-attacks ). Les roquettes sont des armes très peu précises, et ceux qui les tirent ne peuvent pas viser avec précision des cibles militaires. Utiliser systématiquement et délibérément des armes à effet indiscriminé dans des zones à population civile constitue un crime de guerre. Les tirs de roquettes ont tué 19 civils en Israël depuis 2005, en comptant ceux qui ont perdu la vie au cours des affrontements actuels.

Human Rights Watch a également critiqué la politique extrêmement restrictive d'Israël concernant la circulation des personnes et l'entrée de marchandises dans la bande de Gaza, y compris le carburant et d'autres marchandises à usage uniquement civil ; Human Rights Watch a dit que ces restrictions constituaient une punition collective contre la population civile et que en tant que telle, elles violent gravement le droit des conflits armés (https://www.hrw.org/en/news/2008/11/20/letter-olmert-stop-blockade-gaza). Israël continue d'exercer un contrôle de fait sur les frontières de la bande de Gaza et sur son espace aérien, ainsi que sur ses registres d'état civil, constituant ainsi, selon le droit international, une puissance d'occupation. Le droit des conflits armés interdit à toute puissance d'occupation d'attaquer, de détruire ou de refuser à la population civile l'accès à des biens essentiels à sa survie. Israël doit aussi protéger les droits des civils de la bande de Gaza à la liberté de circulation, à la santé, à l'éducation, et à vivre une vie normale.

 

Description des trois attaques mentionnées ci-dessus (en anglais) :

Human Rights Watch investigated three Israeli attacks that raise particular concern about Israel's targeting decisions and require independent and impartial inquiries to determine whether the attacks violated the laws of war. In three incidents detailed below, 18 civilians died, among them at least seven children.

1) On Saturday, December 27, the first day of Israel's aerial attacks, witnesses told Human Rights Watch that shortly after 1 p.m. an Israeli air-to-ground missile struck a group of students leaving the Gaza Training College, adjacent to the headquarters of the UN Relief and Works Agency (UNRWA) in downtown Gaza City. The students were waiting to board buses to transport them to their homes in Khan Yunis and Rafah, in the southern Gaza Strip. The strike killed eight students, ages 18 to 20, and wounded 19 others.

A UNRWA security guard stationed at the college entrance told Human Rights Watch that he used his UN radio to call for medical help. He said the attack also killed two other civilians, Hisham al-Rayes, 28, and his brother Alam, 26, whose family ran a small shop opposite the college entrance. The guard said that the only potential target nearby was the Gaza governorate building, which deals with civil matters, about 150 meters away from where the missile struck. Another UNRWA security guard who also witnessed the attack told Human Rights Watch: "There wasn't anybody else around - no police, army, or Hamas."

2) The second incident occurred shortly before midnight on Sunday, December 28, when Israeli warplanes fired one or more missiles at the Imad Aqil mosque in Jabalya, a densely populated refugee camp in the northern Gaza Strip. The attack killed five of Anwar Balousha's daughters who were sleeping in a bedroom of their nearby house: Jawaher, 4; Dina, 8; Samar, 12; Ikram, 14; and Tahrir, 18. "We were asleep and we woke to the sound of bombing and the rubble falling on the house and on our heads," Anwar Balousha told Human Rights Watch. The Balousha's three-room house is just across a small street from the mosque.

The two-story Imad Aqil mosque, named after a deceased Hamas member, is regarded by Palestinians in the area as a "Hamas mosque" - that is, a place where the group's supporters gather for political meetings or to assemble for demonstrations, and where death notices of Hamas members are posted. Mosques are presumptively civilian objects and their use for political activities does not change that. Human Rights Watch said that the attack on Imad Aql mosque would be lawful only if Israel could demonstrate that it was being used to store weapons and ammunition or served some other military purpose. Even if that were the case, Israel still had an obligation to take all feasible precautions to minimize harm to civilians and ensure that any likely civilian harm was not disproportionate to the expected military gain.

3)  In the third incident, at around 1 a.m. on Monday, December 29, an Israeli helicopter fired two missiles into the Rafah refugee camp. One struck the home of a senior Hamas commander; the other struck the home of the al-Absi family, about 150 meters away, killing three brothers - Sedqi, 3, Ahmad, 12, and Muhammad, 13 - and wounding two sisters and the children's mother. Ziad al-Absi, 46, the children's father, told Human Rights Watch that at around 10:30 p.m. on Sunday, armed Palestinians had gathered near their home, firing machine guns at Israeli helicopters. "I and the neighbors argued with the militants, told them this is a populated area and this will put us into peril," he said. According to al-Absi's nephew, Iyad al-Absi, 27, the fighters refused to leave. When their commander arrived at about 11 p.m. and ordered them to leave, they again refused. The fighters finally left at around 11:15, but only after an exchange of gunfire between the fighters and their commander. Al-Absi said that he and his family then went to sleep. He told his nephew and other relatives that there was no further armed activity in the area prior to the missile strike on his house, almost two hours later. Ziad al-Absi said the blast had thrown one daughter onto a neighbor's balcony. The children's mother is in hospital intensive care; the two daughters are also in the hospital.

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