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La commission algérienne sur les " disparitions " devrait disposer de pouvoirs d'investigation et d'un mandat plus étendus pour être crédible et efficace, a estimé Human Rights Watch dans un rapport rendu public aujourd'hui.

Intitulé Vérité et justice en suspens : la nouvelle commission étatique sur les "disparitions", ce rapport de 32 pages analyse cette commission sur les " disparitions ", dont la création a été annoncée en septembre par le Président Abdelaziz Bouteflika. Après des années d'obstructionnisme, le gouvernement algérien a établi une commission dont le but est d'élucider le sort de plus de 7 000 personnes qui ont " disparu ", alors que la plupart était aux mains des forces de l'ordre pendant le conflit civil des années 90.

" Nous saluons l'initiative du Président Bouteflika mais elle ne répond pas suffisamment au besoin de voir justice faite ", a déclaré Joe Stork, Directeur par intérim de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. " Ces enquêtes, ces indemnisations et cette assistance aux familles se sont faites attendre longtemps. Mais tout cela ne peut remplacer ni des investigations minutieuses menées sur ces crimes contre l'humanité ni l'obligation pour leurs auteurs d'en rendre compte devant la justice. "

Depuis les années 90, des milliers de familles vivent dans une incertitude insoutenable car leurs proches ont " disparu " après avoir été emmenés par les forces de l'ordre aux moments les plus noirs de la violence politique qui a ravagé l'Algérie. Cette violence était devenue endémique en 1992, après le coup d'état militaire organisé pour empêcher le déroulement des élections dans lesquelles le Front Islamique du Salut (FIS) était donné gagnant. En outre, on est toujours sans nouvelles de centaines - voire de milliers - de personnes enlevées par les groupes armés islamistes combattant le gouvernement et qui sont toujours portées disparues.

D'après le décret présidentiel rendu public en novembre et définissant son mandat, la nouvelle commission s'attellera à confirmer les cas de " disparitions ", à orienter les familles pour obtenir une aide juridique, et à faire des propositions sur la manière dont l'État pourrait indemniser et aider les proches des victimes. Il semble, selon Human Rights Watch, que la commission devra aller au-delà de son mandat si elle va élucider comment chaque " disparition " a été opérée et en identifier les auteurs.

L'existence de nouveaux cas de " disparitions ", bien que rares, prouve que les autorités n'ont pas mis en place les garanties juridiques qui permettraient d'empêcher définitivement l'usage d'une telle pratique, a déclaré Human Rights Watch. En outre, les autorités algériennes ont périodiquement dissipé des rassemblements publics organisés par les proches des " disparus ". Elles n'ont d'autre part toujours pas répondu de façon positive à la demande, déposée en 2000, du Groupe de travail de l'ONU sur les disparitions forcées et involontaires de se rendre sur le territoire algérien.

" Si l'Algérie entend sérieusement mettre fin aux violations des droits humains telles que les "disparitions", elle doit mettre fin à l'impunité ", a déclaré M. Stork. " La commission doit disposer de pouvoirs plus étendus pour pouvoir mener des enquêtes sur ces crimes, en trouver les responsables, assurer la libération de toute personne détenue au secret retrouvée vivante, et donner aux Algériennes et aux Algériens une idée exacte de la façon dont des milliers de leurs compatriotes ont pu "disparaître" sans laisser aucune trace. "

Human Rights Watch a vivement conseillé à l'Union européenne et aux États-Unis d'encourager l'Algérie dans ses efforts pour résoudre la question des " disparus " et d'insister pour que des enquêtes sérieuses soient menées. L'objectif fixé est que les Algériennes et les Algériens connaissent toute la vérité sur ces " disparitions " et sur la responsabilité de leurs auteurs.

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